Cameroun : règlement européen contre la déforestation(RDUE)/Pas un obstacle pour la production du Cacao et du Café
Dans le but de préparer la mise en conformité du Cameroun avec le règlement européen 2023/1115 sur la déforestation dont l’entrée en vigueur est confirmée pour le 30 décembre 2024, le ministre Camerounais du Commerce Luc Magloire Mbarga Atangana, a présidé ce jeudi 18 juillet 2024 à Yaoundé dans son département ministériel, une réunion d’information avec l’Union Européenne sur les implications du Règlement Européen contre la déforestation importée.
Autour du ministre du Commerce se trouvaient, ses homologues des Domaines, du Cadastre et des Affaires Foncières Henri Eyebe Ayissi, de l’Environnement, de la Protection de la Nature Hélé Pierre, Grégoire Owona du Travail et de la Sécurité Sociale, ainsi que les représentants des ministres des Forets et de la Faune et de l’Agriculture et du Développement rural. Chacun en ce qui concerne son département ministériel, a expliqué les dispositions prises pour permettre au Cameroun d’être prêt à partir du 1er janvier 2025. Assistaient ces membres du Gouvernements, le directeur général de l’Office National du Cacao et du Café(ONCC), l’Administrateur du Fonds de développement des filières cacao et café (FODECC), le président du Comité Exécutif du Conseil Interprofessionnel du Cacao et du Café, le Secrétaire Exécutif du CICC. Face à la partie Camerounaise, l’Ambassadeur Chef de Délégation de l’UE au Cameroun et en Guinée Equatoriale S.E Jean -Marc Chataigner et sa suite. Il s’agit d’un nouveau règlement européen qui vise à interdire dans l’Union européenne des produits ayant contribué à la déforestation ou à la dégradation des forêts après le 31 décembre 2020.Entré en vigueur le 29 juin 2023, il s’appliquera à l’ensemble des Etats membres à partir du 30 décembre 2024.
Le champ d’application couvre sept commodités : café, cacao, caoutchouc, huile de palme, soja, bœuf et bois ainsi que certains produits dérivés comme le cuir, le charbon, de bois, le papier, imprimé. Le règlement demande aux entreprises (opérateurs et commerçants, de garantir que les produits quelles exportent, mettent sur le marché comportent un risque nul ou négligeable de déforestation. Le règlement sera réexaminé au plus tard le 30 juin 2028 puis au moins tous les 5 ans. L’importance de ce Règlement pour le Cameroun n’est plus à démontrer étant donné que 78 % des exportations de cacao et 68% d’exportations de café ont pour destination l’Europe. Selon le ministre du Commerce avec le niveau actuel des cours, que je situerais autour de 5000 FCFA/kg de cacao (5000.000 de FCFA/tonnes, et pour une production exportée de l’ordre de 300…. Tonnes, cela représente une rémunération versée directement au producteur, sur une seule campagne, de l’ordre de 1.500 milliards de FCFA.
Prêts à se conformer aux exigences
Les défis à relever par la partie Camerounaise sont nombreux : assurer la traçabilité des produits, garantir une production « zéro déforestation » et respecter les exigences de légalité. Les arguments avancés par le Cameroun ne manquent pas : une cacaoculture et une caféiculture pratiquée en agroforesterie, moins destructrice pour l’environnement que les méthodes intensives d’autres pays producteurs. Les échanges ont une fois de plus permis MINCOMMERCE de plaider en faveur de la bonne rémunération des producteurs : « Nous sommes tenus de respecter la règlementation qui nous est imposée. Pour nous, ça n’est pas un obstacle diriment en ce que nous sommes préparés à faire face à ces nouvelles exigences, nous avons anticipé. Quand nous produisons le cacao, le café, nous ne déforestons pas. Nous cultivons notre cacao, du café sous les arbres. Nous sommes dans un processus plutôt vertueux l’agroforesterie qui signifie qu’on préserve les forêts. Quelque part, ce règlement ne nous concernerait pas. L’UE représente près de 78% de nos exportations de cacao ; 68 % de nos exportations de café ». Et ce n’est pas tout ajoute le ministre : « Il y a le marché africain à fort potentiel qui se développe. Il y a la Russie, le marché asiatique, nous sommes en train de développer de nouveaux marchés. Il ne faut pas penser que c’est un obstacle pour la production du cacao et du café .Ça ne va pas nous empêcher de produire le cacao et le café. Ce règlement n’est pas un obstacle pour la production camerounaise, 90 % de nos plantations sont géo référencés. C’est à dire au-delà des volumes mis sur le marché européen. .Nous n’avons pas détruit la forêt. C’est à l’Europe que nous allons demander des comptes, à partir du moment où nous nous inscrivions dans un cercle vertueux de préservation de la forêt. Nous devrions exiger que nous soyons payés en retour.Ca veut dire que notre cacao, notre café devrait recevoir une prime à l’achat car, nous avons préservé la forêt ».
D’après l’ambassadeur chef de Délégation de l’UE au Cameroun et en Guinée Equatoriale : « Il y a une opportunité à saisir pour le Cameroun. Car, il n’a pas forcement répété les erreurs qu’ont fait d’autres pays sur la déforestation et on peut saisir cette opportunité pour développer l’agroforesterie, intensifier et rajeunir les plantations. Nous sommes dans le cadre d’un marché mondial, les prix sont plutôt favorables .Les prix du cacao n’ont jamais été aussi haut au niveau mondial. Nous voulons accompagner le secteur privé camerounais, les exploitations agricoles camerounaises dans cette chance. Il faut profiter de ces opportunités pour que la valeur ajoutée revienne aux producteurs ».
Joseph Kapo