Essai clinique potentiel d’un vaccin antituberculeux protecteur contre le COVID-19 en Afrique
Dr John Nkengasong, Directeur du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies dénonce des « commentaires détestables »
Après le Directeur Général de l’OMS, lui-même, c’est au tour du Dr John Nkengasong de monter au créneau pour dire toute sa désapprobation quant aux commentaires de deux médecins français sur un essai clinique potentiel d’un vaccin contre le Coronavirus en Afrique. Cela dans une déclaration faite le 9 avril 2020, à Addis-Abeba.
Le Centre Africain de Contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique) n’a pas apprécié, comme de nombreux Africains, les propos racistes des professeurs Jean-Paul Mira et Camille Lotch sur une chaine de télévision française. Ces deux médecins parlaient avec une telle désinvolture d’essayer un vaccin sur les Africains afin d’évaluer son efficacité dans la lutte contre le Covid-19.
Par la voix de son premier responsable, le CDC Afrique a dénoncé « les commentaires détestables des professeurs Jean-Paul Mira et Camille Lotch ». Pour le Dr John Nkengasong, Directeur du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies, il n’y a pas de place à la tergiversation devant ce qu’il a qualifié de « propos racistes et condescendants ». Mieux, il a estimé que toute l’humanité devait à l’unisson condamner ces propos que le professeur Jean-Paul Mira a voulu « provocateurs ».
Selon, le Dr John Nkengasong, ces professeurs, qui s’exprimaient avec toute l’insouciance qui caractérise les hérauts du racisme, « n’ont aucune leçon à enseigner à l’Afrique sur la conduite d’essais cliniques scientifiquement solides ». En effet, continue le patron du CDC Afrique « les Africains ont des scientifiques de renommée mondiale extrêmement capables qui ont joué un rôle de leadership essentiel dans la conduite d’essais cliniques qui ont profité au continent et au-delà ».
A ce sujet, il a rappelé aux deux médecins français le rôle primordial « de scientifiques africains dans la conduite d’un essai efficace de vaccin en anneau contre la maladie à virus Ebola en Afrique de l’Ouest en 2014, qui a changé la donne pour mettre fin à l’épidémie ». En outre, le Dr John Nkengasong a mis en exergue qu’en 2019, « des experts de la République démocratique du Congo, aux côtés de collaborateurs internationaux, ont mené avec succès un essai clinique sur le traitement par anticorps monoclonal Mab 114 contre la maladie à virus Ebola ».
S’il reconnait que « seule une coopération internationale collective à travers une approche collaborative et respectueuse peut réussir dans la conduite de recherches solides qui bénéficieront à l’ensemble de l’humanité », le patron du CDC Afrique s’est montré ferme quant à la vigilance dont son organisation fera preuve sur d’éventuels tests en rapport avec le Coronavirus. Ces principes, note-t-il, seront guidés par le respect de la dignité des Africains, la bienfaisance et la non-malfaisance et la justice.
Le CDC africain, selon son premier responsable, sera donc particulièrement regardant sur la fiabilité des études scientifiques sur le Coronavirus, condition sine qua non pour leur réalisation en Afrique. Deuxièmement, le CDC Afrique entend veiller « à ce qu’il y ait un équilibre approprié entre les risques prévisibles et les avantages prévisibles, à condition que les intérêts des sujets ne soient pas subordonnés à ceux de la science et de la société ».
L’Afrique va aussi s’assurer que les personnes qui seront soumises à des tests aient préalablement bien été informées et donné leur accord « sans contrainte ». Enfin, le Dr John Nkengasong a fait savoir que des tests ou essais-cliniques ne seront possibles que s’ils « promettent des avantages directs, tangibles et significatifs pour le continent ».