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December 26, 2024
OPINION

Les quatre défis de Jean-Claude Kassi Brou, nouveau président de la commission de la CEDEAO

  • mai 12, 2018
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Les quatre défis de Jean-Claude Kassi Brou, nouveau président de la commission de la CEDEAO

La couverture de votre magazine ce mois, montre trois grands Hommes d’Afrique et un grand ami de l’Afrique.
À tout Seigneur tout honneur. Commençons par un hommage au Roi Kemdeng Donfack Joseph Cédric. Intronisé récemment à l’âge de 23 ans, ce nouveau Roi de Fontsa Touala en pays bamiléké, à l’ouest du Cameroun, symbolise la vitalité des traditions bamiléké, lesquelles viennent du fond des âges. En lisant le reportage consacré à la cérémonie d’intronisation, vous saurez tout, ou presque, sur les fondements de la civilisation bamiléké, l’un des peuples les plus originaux, dynamiques et entreprenants d’Afrique.
Ce magazine salue aussi celui qui est notre invité ce mois. Il nous a accordé une très instructive interview. Murat Ulku, ambassadeur de la Turquie au Cameroun, est un grand ami de l’Afrique. Il le démontre chaque jour, par son action qui sert à la fois son pays et notre continent.
Une certaine presse en Occident a pour besogne de dénigrer la Turquie auprès des Africains. Elle concentre ses tirs sur le Président Erdogan, qu’elle traite de dictateur, de mégalomane qui veut restaurer l’empire Ottoman. Hommes d’Afrique magazine méprise ce journalisme de bas étage. Cette presse occidentale ne peut donner de leçon de morale à personne. Surtout pas aux Africains, si l’on tient compte dde sa complicité dans l’histoire et l’actualité criminelles des multinationales et des gouvernements occidentaux en Afrique.
Notre continent doit rester ce qu’il n’a jamais cessé d’être : une terre ouverte, où l’hétérogénéité démographique, intellectuelle, et spirituelle est respectée plus que partout au monde. Tant que la Turquie et son Président manifesteront ce respect, les portes de l’Afrique devront rester ouvertes pour les échanges entre la Turquie et l’Afrique. Ce qui est dit ici de la Turquie, est valable de tout autre pays. Fini le temps des chasses gardées, dans une Afrique accaparée par l’agression colonialiste européenne.
Une mini-révolution a eu lieu en Éthiopie. Alors que la tension sociale s’élevait, l’ancien Premier Ministre, Hailemariam Desalegn Boshe, a pris les bonnes décisions qui s’imposaient. D’abord, il a libéré un grand nombre de prisonniers d’opinion. Puis, coup de théâtre, il a démissionné, puis quitté ses fonctions le 2 avril 2018.
Quand on sait la manie de certains de nos dirigeants de s’accrocher au pouvoir, au risque de provoquer des bains de sang ou de précipiter la ruine économique du pays, il faut bien accueillir cette démission de l’ex-Premier Ministre Desalegn. C’est une démission qui l’honore. Elle le place dans la lignée des grands dirigeants africains tel Mwalimu Nyerere qui lui aussi démissionna. Dans l’hommage qu’un numéro de Hommes d’Afrique magazine a rendu à Nyerere, il est observé que la démission est le dernier stade d’un leadership réussi.
Monsieur Desalegn devint Premier Ministre d’Éthiopie le 20 août 2012. Il a exercé ses fonctions pendant un peu moins de huit ans. C’est raisonnable. Les Éthiopiens les premiers, ensuite les Africains, et plus généralement les historiens, jugeront le bilan de son action à la tête de l’Éthiopie. Ce n’est pas le temps pour notre magazine de le faire ici, au moment où certains proposent son nom pour le prix Mo Ibrahim.
Notre devoir immédiat de magazine panafricain est de nous tourner vers le nouveau Premier Ministre, pour le présenter à nos lecteurs. Monsieur Abiy Ahmed Ali, nouveau Premier Ministre d’Éthiopie, a pris ses fonctions le 2 avril 2018. Toute l’Éthiopie a applaudi en voyant sa chaleureuse accolade avec le Premier Ministre sortant. C’est un signe annonçant une baisse de tension dans le pays.
Cette baisse sera-t-elle effective ? Les espoirs de libéralisation politique et économique qu’attendent les Éthiopiens seront-ils réalisés ? Le Premier Ministre Abiy Ahmed a du pain sur la planche. L’Éthiopie est un pays majeur en Afrique et Addis Abeba, sa capitale est aussi la capitale politique de l’Afrique. Tout Africain a donc intérêt au succès de l’Éthiopie. Hommes d’Afrique magazine souhaite succès au Premier Ministre Abiy Ahmed.
Monsieur Jean-Claude Kassi Brou, le nouveau Président de la Commission de la CEDEAO, est un leader qui a prouvé ses compétences. En l’élisant, les dirigeants de la CEDEAO ont fait le bon choix. Il prend les rênes de la CEDEAO à un moment crucial de cette organisation. Les défis à relever sont nombreux. En voici quatre qui pressent.
D’abord, le plus immédiat : le défi sécuritaire. Plusieurs foyers terroristes sévissent à la frontière et à l’intérieur des pays de la CEDEAO. Héritage de la guerre de l’OTAN en Libye, le chaos dans ce pays l’a transformé en menace permanente, d’abord contre les paisibles Libyens, puis contre les voisins immédiats de la Libye.
La CEDEAO est l’un de ceux-ci. En l’absence d’un gouvernement central, capable d’étendre son autorité sur l’ensemble de la Libye, des groupes concurrents s’y livrent à une guerre intestine sans merci. Les djihadistes en profitent pour s’installer et sévir à l’intérieur et à l’extérieur de ce pays. La CEDEAO, plus précisément le Niger, est la première victime. Le Président Jean-Claude Kassi Brou a le devoir de proposer une solution contre ce fléau terroriste qui vient de l’extérieur.
Il doit affronter les menaces intérieures, dont deux particulièrement sanglantes: Boko Haram au Nigeria, et des bandes armées au nord du Mali. Celles-ci avaient même réussi à occuper durablement cette partie du territoire malien, avant qu’une opération de l’armée française ne les déloge. Elles restent néanmoins nuisibles, tuant sporadiquement, lors d’attaques lancées au Mali même, ou au Niger, ou au Burkina Faso.
Le Président Kassi Brou devra travailler avec les gouvernements des pays de la CEDEAO et le G5 Sahel pour vaincre le terrorisme dans tous ces pays. Même si elle est indispensable, la force militaire seule ne peut assurer cette victoire. Le terrorisme a des causes sociales, sociologiques et idéologico-religieuses. Ces causes ne se déracinent pas avec le fusil. Il faut plutôt des contre-propositions sociales, une ingénierie sociologique, un vigoureux combat idéologique, et un recentrage théologique. Bref, c’est un combat de civilisations. La civilisation africaine doit trouver en elle, des ressorts pour éliminer cette gangrène barbare qui vient de la péninsule arabique.
Le sol, au sens propre de ce terme, est le terrain du deuxième défi qui se dresse devant le Président Kassi Brou. Pour les pays de la CEDEAO, le changement climatique n’est plus un lointain danger contre lequel on a le temps de se préparer. Un large territoire de la CEDEAO est situé en zone sahélo-saharienne, l’une des plus sèches régions du monde. Il y a encore peu, la sécheresse y sévissait une fois tous les dix ans. À présent, c’est une fois tous les trois ans. Selon certaines prévisions, l’on va vers une fois tous les deux ans. C’est gravissime. Où est le projet de la Grande Muraille Verte ?
Dans aucune région du monde, le défi démographique n’est plus important que dans l’ensemble des pays de la CEDEAO. Pays le plus peuplé d’Afrique, le Nigeria est la locomotive démographique de la CEDEAO. Mais, ce n’est pas la seule locomotive. Le Niger en est une autre, qui fonce encore plus vite, avec la plus forte fertilité du monde. Le Président Kassi Brou n’a pas une seconde à perdre : les raz-de-marée démographiques s’élèvent de toutes parts dans le territoire de la CEDEAO. Sans tarder, il faut effectuer les investissements, construire les infrastructures, mettre en œuvre les programmes d’éducation et de santé qui seuls permettront de récolter un dividende positif du super-dynamisme démographique de la CEDEAO.
Ces investissements demandent de l’argent, beaucoup d’argent. Justement, le défi monétaire se dresse aussi devant le Président Kassi Brou. Il a l’occasion de laisser sa marque dans l’histoire comme celui qui aura réalisé le rêve longtemps caressé, mais plusieurs fois repoussé de la monnaie unique de la CEDEAO. Cette monnaie serait une avancée considérable pour les populations de la CEDEAO. Ses effets positifs seront ressentis dans toute l’Afrique. Après plusieurs atermoiements, les chefs d’État de la CEDEAO ont dit que cette monnaie sera lancée en 2020. C’est dans deux ans, c’est-à-dire après-demain. Président Kassi Brou, il n’y a pas de temps à perdre. Hommes d’Afrique magazine soutiendra vos actions au service des peuples de la CEDEAO.

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