NÉCESSITÉ D’UN DÉBAT POPULAIRE SUR LA SANTÉ ET SUR L’ÉNERGIE
Vive la Journée Mondiale de la Santé ! L’OMS, Organisation Mondiale de la Santé, fut créée le 7 avril 1948. On a fait du 7 avril la JMS. C’est le moment où les autorités d’un pays, ensemble avec la population, examinent les réalisations de leur système de santé. Le but est de trouver les moyens pour faire mieux.
Cette année, le Directeur Général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a choisi de célébrer la JMS au Maroc. C’est un double symbole. D’abord, le DG de l’OMS étant éthiopien, donc africain, il y a une signification mondiale qu’il vienne célébrer la JMS dans un pays africain. Ensuite, c’est un signe de reconnaissance envers le système de santé du Maroc, l’un des plus avancés d’Afrique. Un système qui ne s’arrête pas sur ses lauriers, mais qui poursuit ses efforts pour s’améliorer. Ce numéro de votre magazine vous offre un dossier sur la célébration marocaine de la JMS 2019.
La Couverture de Santé Universelle (CSU) fut au centre de la célébration. Le Maroc, là encore, fait des progrès remarquables. Il est sur la trajectoire de réalisation de la CSU, laquelle fait partie de l’Objectif de Développement Durable numéro 3 : « Assurer une vie saine et promouvoir le bien-être pour tous à tous les âges. »
Tous les pays membres de l’ONU ont signé et adopté ces ODD. Il y en a 17. Tous se sont engagés à les atteindre à l’horizon 2030. Combien de pays africains respecteront leur engagement, pour tous les 17 ODD, ou même pour une majorité d’entre eux ?
L’ODD3 est crucial, car pour tout être humain, la santé est le plus précieux des biens. De ce point de vue, la CSU est l’enjeu le plus déterminant, surtout en Afrique où les habitants sont au monde, ceux sur qui la charge financière de la santé est la plus lourde. Les Africains sont ceux au monde qui paient le plus pour leur santé, de leur propre poche.
Cette situation s’explique par l’absence de sécurité sociale ou de couverture maladie. C’est par ailleurs une situation paradoxale, car la pyramide des âges africaine est actuellement favorable à la constitution d’un robuste système de protection maladie. Le pourcentage des jeunes de moins de trente ans dans la population africaine est voisin ou supérieur à 60 %, c’est-à-dire largement supérieur à celui des plus de 65 ans et des retraités réunis.
En général, les jeunes sont moins consommateurs de soins de santé que les personnes âgées. D’autre part, cette pyramide des âges permet d’avoir une population active et au travail qui dépasse de très loin la population non-active.
Cela signifie que la structure démographique africaine actuelle est propice pour remplir les caisses d’un système mutualisé de santé, qui permet à tout Africain, de se faire soigner, quelle que soit la maladie, quel que soit le niveau de ses ressources. En un mot, l’on ne devrait pas être incapable de se soigner en Afrique parce qu’on n’a pas d’argent. Hélas, l’Afrique n’en est pas là. L’argent reste un facteur discriminant dans l’accès aux soins, y compris, malheureusement, dans les hôpitaux publics. C’est inadmissible, révoltant !
De nombreux Africains continuent de mourir par manque d’argent. Que chacun de nos lecteurs examine la situation dans son pays, et interroge les autorités de la santé : que faites-vous pour changer cette situation ? À quand la CSU chez nous ? Quel est l’état de notre système de santé? Comment préparez-vous son avenir ? Africains, engagez-vous ! Exiger un débat populaire sur le système de santé de votre pays.
Comment les Africains préparent-ils l’avenir de leur système énergétique ? En particulier dans les secteurs du pétrole et du gaz ? Pour une semaine, Malabo, la capitale de la Guinée Équatoriale a été aussi la capitale énergétique de toute l’Afrique. Cette ville a accueilli le 7e Congrès de l’Organisation des Pays Africains Producteurs de Pétrole (OPPA).
Les plus importantes personnalités du business du pétrole et du gaz ont discuté de la stratégie africaine du pétrole et des gaz. La production africaine de ces ressources est morcelée entre de multiples pays. Pris séparément, chacun de ces pays ne pèse pas lourd dans le marché mondial. Ils sont donc réduits à n’être que des price-takers, c’est-à-dire, des vendeurs qui subissent le prix que d’autres, à Londres ou à Chicago, ou même à Genève fixent.
Cette situation est dangereuse pour l’Afrique, comme l’a montré la chute des prix du pétrole au milieu de l’année 2014. Cela a cassé l’élan de développement de nombreux pays africains dont les recettes d’exportation de pétrole restent la principale source de revenus.
Que doit alors faire l’Afrique ? Ici comme ailleurs, ont répondu les congressistes de Malabo, l’unité est la première condition du succès. L’Afrique doit s’unir. Les entreprises publiques et privées du secteur pétrolier et gazier africain doivent conjuguer leurs efforts, aligner leur stratégie. Pour elles, c’est la seule façon d’être fortes sur le marché mondial. Alors cesseront-elles de subir passivement, les variations arbitraires de prix fixés ailleurs, pour des intérêts opposés aux leurs.
Veuillez lire plus loin, le reportage complet que votre magazine vous offre sur le congrès de Malabo. Il intéressera tous ceux qui ont à cœur le progrès économique de l’Afrique.
D’autre part, l’intérêt de ce reportage découle de la conjoncture internationale actuelle qui est lourde de menaces. Les USA de Donald Trump ont accentué les sanctions sur l’Iran et le Venezuela, deux grands producteurs mondiaux de pétrole.
En décembre de l’année dernière, l’OPEP et la Russie, deux mastodontes du pétrole mondial, se sont entendues pour limiter leur production de pétrole.
Quelle sera la conséquence de ces deux actions sur le prix du pétrole ? Comment les Africains doivent-ils réagir face à ces deux actions ?
Ne laissons pas aux seuls spécialistes, le monopole de la réponse à ces deux questions. Comme pour la santé, la politique énergétique doit faire l’objet d’un débat populaire en Afrique.