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March 29, 2024
OPINION

Quels types de développement industriel pour les pays africains?

  • novembre 9, 2019
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Quels types de développement industriel pour les pays africains?

Plusieurs facteurs déterminent le type de développement approprié pour un pays ou une région donnée. Parmi ceux-ci, les plus importants sont : la nature des ressources disponibles et potentielles (en particulier les compétences en matière de gestion et de main-d’œuvre) ; les marchés potentiels, internes et externes ; le volume des ressources disponibles ; les coûts relatifs de la production de différents sur le marché intérieur par rapport à l’importation ; le niveau de chômage ; la pression démographique

Existe-t-il des implications politiques dans une séquence de développement industriel ? Comment

tenir compte de celles-ci lors de la prise de décision? Faut-il privilégier les industries lourdes (biens de production tels que les machines, l’automobile, les outils, etc.) ou la production de biens de consommation (vêtements, aliments, articles ménagers et électroniques, etc.)?

Dans certains cas, les ressources et les conditions du marché favorisent l’industrie lourde, notamment celle qui fabrique par exemple des produits chimiques, dont les engrais, ou du matériel de transport.

Cela ne doit point décourager la multitude d’industries de biens de consommation, souvent petites et peu spectaculaires, qui répondent directement aux besoins de la majorité de la population.

Si le gouvernement encourage l’initiative privée et la liberté d’entreprendre, le correct dosage entre industrie et agriculture ; puis entre industrie lourde et industrie de biens de consommation se fera naturellement.

Une autre question à prendre en compte concerne l’industrie urbaine centralisée à grande échelle par rapport à l’industrie décentralisée, à petite échelle, rurale et dans les petites villes.

Encore une fois, il ne s’agit pas de choix exclusifs l’un de l’autre. Comme toujours, la meilleure solution dépend de conditions qui peuvent différer d’un pays à l’autre.

Toutefois, pour des raisons politiques et sociales, et même en vue d’une efficacité économique nationale, de solides arguments plaident en faveur du développement du type de développement industriel décentralisé. Il offre plus de possibilités pour provoquer un développement économique et social généralisé.

L’amélioration du bien-être des ruraux pauvres justifie la diffusion de l’activité manufacturière dans l’ensemble du pays, au lieu de la concentrer dans les grands centres urbains, même quand cette diffusion induit un coût en efficacité technique et économique.

Il y a même des raisons strictement économiques pour soutenir la décentralisation et la diffusion de l’industrie. Parmi celles-ci, la réduction des frais généraux sociaux liés au déplacement des personnes dans le centre-ville, à leur hébergement et à la fourniture de tous les services publics dont l’électricité et l’eau.

Les nouvelles technologies facilitent la diffusion territoriale de l’industrie manufacturière. Elles en diminuent le coût. L’électricité à bas prix, produite par les énergies renouvelables, sont un exemple de ces technologies. Le téléphone mobile, l’amélioration du transport automobile, en sont d’autres.

Il faut distinguer les «industries artisanales», que caractérise le travail à domicile, des petites industries, conçues pour tirer le meilleur parti des technologies modernes.

Le travail à domicile peut satisfaire des employés en situation transitoire ou d’urgence. Par exemple, il est un filet de sécurité dans des régions très éloignées des centres urbains.

C’est un danger de cantonner des individus dans ce travail à domicile car, la production y étant fondamentalement inefficace, ces derniers ne pourront résister à la concurrence. Ils retomberont vite dans la précarité.

La solution est une industrie modernisée, même si elle ne fonctionne qu’à petite échelle. En Afrique, développer des industries près des lieux de résidence de la population, en ville ou en campagne, est plus avantageuse que de la concentrer dans quelques grands centres urbains. A cause de cet avantage, ce développement mérite qu’on lui accorde tout l’effort possible. L’inventivité technologique et l’expérimentation prudente doivent servir à la création d’industries viables, efficaces, sur l’ensemble du territoire.

Les dirigeants africains soucieux de promouvoir la croissance industrielle pourraient s’inspirer du cas Suisse. Hautement industrialisé, la Suisse a l’un des niveaux de vie les plus élevés au monde. Ses industries sont décentralisées, remarquablement distribués dans le pays.

La Suisse n’a pas de grandes agglomérations industrielles. Les grandes villes sont davantage des centres commerciaux que des sites industriels. Il n’y a presque pas de taudis. Environ un ouvrier d’usine sur dix possède et exploite une petite ferme. La répartition de la richesse y est beaucoup

moins inégale qu’en Afrique. Le pays ne dispose pas de sources importantes de charbon, de fer ou d’autres matières premières considérées parfois essentielles dans un pays industrialisé. Il n’y a pas d’industrie lourde de base, pas même un seul haut fourneau. L’industrie manufacturière suisse est diversifiée, localisée principalement dans de petites usines.

Prérequis pour réussir l’industrialisation en Afrique

L’Afrique est confrontée à un déficit structurel important, résultat de deux décennies et demi de désindustrialisation et de dépendance croissante à l’égard des ressources naturelles.

Aujourd’hui, six décennies après les indépendances, le secteur manufacturier africain est plus petit, moins diversifié et moins sophistiqué qu’il ne l’était dans la décennie qui a suivi l’indépendance. L’agro-industrie et les services marchands en sont encore à leurs balbutiements. Lorsque l’industrie a perdu du terrain, les travailleurs ont rétrogradé, passant d’un emploi à productivité élevée vers un autre à plus faible productivité, ou basculant dans le chômage de masse.

De nos jours, la compétition industrielle mondiale est plus rude que du temps où les tigres de l’Asie du sud-Est et la Chine entrèrent dans cette compétition. Cette rudesse est un obstacle supplémentaire à l’industrialisation de l’Afrique. Il y a cependant des raisons de croire que le rodage est encore possible pour les économies africaines.

L’augmentation des salaires réels et de la demande intérieure en Asie peut inciter les producteurs basés sur des tâches à rechercher d’autres sites. L’agro-industrie et les services marchands, y compris le tourisme, offrent la perspective de développer l’industrie sans cheminées industrielles. Mais le succès n’est nullement assuré.

Relever le défi de l’industrialisation de l’Afrique requiert, des Africains et de leurs partenaires au développement, de nouvelles idées… Bien que les réformes du climat d’investissement soient essentielles, elles doivent être redéfinies et recentrées. Une action urgente est nécessaire pour combler le déficit croissant d’infrastructures et de compétences de l’Afrique par rapport au reste du monde. Ce sont des investissements de longue durée qui ne doivent pas être différés.

La communauté internationale peut aider à répondre à ces besoins en créant un espace budgétaire pour les investissements publics dans les infrastructures et l’enseignement post primaire, et en encourageant la participation du secteur privé.

Pour la plupart des pays africains, les réformes du climat de l’investissement ne suffiront pas à elles seules pour rendre l’Afrique plus attractive que les zones industrielles existantes actuellement dans le monde. Une nouvelle stratégie de développement industriel sera nécessaire.

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Hommes d'Afrique Magazine

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