5 Dates du 5 ème mois
A qui appartenait le bateau négrier anglais, « Sisters » ? Nous ne le savons. Pour quelles raisons nommer un négrier « Sisters » (Les Sœurs) ? Les propriétaires étaient-elles des sœurs, au sens familial ? Au sens religieux ?
Est-ce à dire que les femmes blanches, ces « sœurs » des femmes noires, furent elles aussi bien actives dans le commerce des Noirs ? Quels bénéfices ont-elles tiré ces blanches, l’un des deux piliers de la société caucasienne, de ce commerce ? Qu’enseigne la recherche historique sur ce sujet ? Que dit le mouvement féministe contemporain ?
Le 17 mai 1787, le Sisters, qui avait chargé, peut-être surchargé, sa cargaison en Afrique, chavire alors qu’il se dirige vers Cuba. Des centaines de nos ancêtres périssent. Pensons à eux, en ce mois de mai qui marque le 233e anniversaire de leur tragédie.
Mai 1914.
Crisis is the official magazine of the National Association for the Advancement of Colored People (NAACP). It was founded in 1910 by W. E. B. Du Bois (editor), Oswald Garrison Villard, J. Max Barber, Charles Edward Russell, Kelly Miller, W. S. Braithwaite, and Mary Dunlop Maclean
William Edward Burghardt «W. E. B.» Du Bois, fut le premier rédacteur en chef de « The Crisis ». Avec Oswald Garrison Villard, J. Max Barber, Charles Edward Russell, Kelly Miller, W. S. Braithwaite, et Mary Dunlop Maclean Du Bois, l’un des pères du panafricanisme, fonda en 1910, ce journal qui devint l’organe officiel de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP), un mouvement militant pour les droits des Noirs aux USA.
Dès le début, Du Bois ne se limite pas aux USA. Il a déjà une vision globale de la situation des Noirs. L’un des tout premiers, il étudie et dénonce l’apartheid global qu’a établi l’homme Blanc Européen, pour s’enrichir aux dépens du reste du monde, plus particulièrement sur le dos, la souffrance et la mort des Africains et de leurs descendants. C’est pourquoi, dans son journal, il informe les lecteurs sur le sort des Noirs partout dans le monde. A cet égard, le numéro de mai 1914 est riche de faits, dont voici quelques-uns :
« Les Britanniques craignent que la mort de l’empereur Menelik II (baptisé Sahle Maryam, né le 17 août 1844, décédé le 12 décembre 1913), n’entraîne de graves problèmes en Abyssinie. Les tribus bandits menacent le gouvernement central et la guerre de succession inquiète.
On dit que le prince Lidj Yassu se prépare à se couronner empereur. On est tenté de faire voir un parallèle de situation, 104 ans plus tard, avec le récent changement de premier ministre de la République Fédérale Démocratique d’Ethiopie. Pour en savoir plus, veuillez lire plus loin dans le présent magazine, la rubrique « Politique ».
« Sir Frederick Lugard a été nommé gouverneur du Nigeria Uni, au début de l’année. Cette partie du pays a une population de 17 000 000 habitants et est une consolidation de Lagos, du sud et du nord du Nigéria et du protectorat de la côte du Niger.
« Le docteur Schnee, gouverneur de l’Afrique orientale allemande, a envoyé un mémo qui défend la pratique de l’esclavage dans les colonies, afin de maintenir une main d’œuvre gratuite aux planteurs allemands. On dit que la population diminue de façon alarmante sous le régime des esclaves.
Neuf ans plus tôt, en 1905, ces mêmes Allemands qui prolongent l’esclavage en Afrique de l’Est, avaient inauguré le génocide en Afrique du Sud-Ouest, es massacrant notamment les Hereros. Rien ne fut fait pour arrêter la main génocidaire des Allemands, ni en Afrique de l’Est, ni en Afrique du Sud-Ouest, ni en Afrique Centrale, au Kamerun plus particulièrement. Aucun cri pour les dénoncer. Il fallut attendre trois décennies plus tard, qu’Hitler applique une recette similaire à d’autres Blancs, pour que l’Europe humanitaire et chrétienne s’émeuve. C’est vrai, le réveil de conscience humaine n’est jamais trop tard.
« Le Dr J. E. Barnes, récemment ministre des Travaux publics au Libéria, est dans ce pays (les USA), afin de collecter 250 000 dollars pour une école. Il dit que les installations éducatives au Libéria sont très pauvres. »
Un dollar US de 1914 vaut 25 dollar US de 2018. Supposons que le Dr le Dr. Barnes ait collecté ses 250 000 dollars. Ce serait l’équivalent de 6 250 000 dollars d’aujourd’hui. Coquette somme à l’époque pour le Libéria dont la population totale en 1914 n’est que de 688 000 habitants. La population en âge scolaire devait être moitié moins importante. On pouvait donc faire beaucoup avec 250 000 dollars. Qu’a fait le Dr. Barnes ? Qu’a fait le Libéria ? Quel était l’état de l’éducation au Libéria d’alors ? Quel est-il aujourd’hui ? Quel sera-t-il demain ? Georges Weah, nouveau Président de ce pays, a fait de l’éducation l’un des principaux chantiers de son mandat. Promesse sera-t-elle tenue ? C’est à la qualité du mur qu’on juge le maçon.
« Les filles de couleur qui travaillaient autrefois aux réceptions diplomatiques de la Maison-Blanche ont été remplacées par des filles blanches. »
Cette décision du Président des USA vous surprend-elle? C’est que vous ne savez sans doute pas ce que furent les Lois Jim Crow, et que vous ignorez qui fut ce Président de 1913 à 1921 : Thomas Woodrow Wilson, archi-raciste, partisan du Ku-Klux-Klan. Et après tout diront certains, qu’ont à faire des filles noires à la Maison Blanche ? Qu’elles aillent se faire voir dans la Maison Noire. Sauf que la Maison Blanche fut construite avec la sueur et le sang de l’esclave Noir…
Le 25 mai 1926, Miles Dewey Davis III, génial trompettiste de jazz naît à Alton, dans l’Etat de l’Illinois aux USA. Il révolutionne le jazz en lui imprimant plusieurs fois des sonorités jusque-là inédites. S’il avait commencé sa carrière avec la vague du bebop des années 1944 à 1948, il s’en éloigne vite pour devenir le chef de file du jazz cool jusqu’en 1950, puis du hard bop, jusqu’en 1955.
De la fin des années 1960s jusqu’à la décennie suivante, il innove encore, avec le jazz électrique, et un jeu de scène immuable, dos tourné au public, tête penché vers le sol, les lèvres ne quittant jamais son instrument. Miles meurt le 28 septembre 1991 à Santa Monica, en Californie, aux USA. Mais sa musique ne mourra jamais. Elle fascine toujours, inimitable, forçant les musicologues à triturer leurs méninges pour en comprendre la complexité, ou même les désharmonies.
Le 6 mai 1978, l’armée d’Afrique du Sud, envahit une partie du territoire angolais. Cette irruption de l’armée de l’apartheid loin de sa base, en violation des plus élémentaires règles du droit international, ne provoque aucune réaction des pays « civilisés ». Manifestement, ils soutiennent cette armée. Ou du moins, selon l’adage, qui ne dit rien approuve.
La guerre d’indépendance puis les guerres civiles angolaises, ont tué plus d’un demi-million de personnes, pour la plupart des innocents.
Le 28 mai 2001, Francis Bebey, artiste camerounais aux multiples talents meurt à Paris. Musicien, compositeur, poète, romancier, cet homme de grande culture était né à Douala au Cameroun, le 15 juillet 1929. Hommes d’Afrique magazine rend hommage à ce grand Homme.