Afrique : Créer et partager la prospérité
Conscients que seuls les efforts mutuels peuvent permettre à l’Afrique de faire des pas significatifs dans son avancée vers le développement, les Chefs d’État et de Gouvernement ou représentants dûment autorisés des États membres de l’Union africaine (UA) ont réaffirmé, récemment, leur engagement d’accélérer la mise en place de la zone de libre-échange ; le moteur de la croissance.
En effet, l’implémentation de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) était au cœur de tous les débats ayant meublé les assises du 36e sommet annuel de l’UA qui a eu lieu les 18 et 19 février 2023. La ZLECAF, traité entré en vigueur en janvier 2021, est censé instaurer la plus vaste zone de libre-échange au monde : 54 pays africains sur les 55 (sauf l’Érythrée) ont déjà signé cet accord lancé officiellement en juillet 2019 ; établir un marché unique pour les produits africains (éliminer 90% des droits de douane et s’attaquer aux barrières non-tarifaires) ; 1,3 Md de consommateurs (selon l’ONU), avec pour ambition de devenir le plus grand marché mondial avec un PIB combiné de 3 400 Mds de dollars.
Ce faisant, malgré ces atouts, l’Accord sur la ZLEACF reste à la traîne. Encore que, c’est depuis le 21 mars 2018 que les dirigeants africains avaient signé à Kigali (Rwanda) le Traité portant création de la zone de libre-échange continentale, en vue de créer et partager la croissance durable en Afrique.
Depuis lors, cinq années ont passé après cet engagement historique et le bilan est pour le moins mitigé… Les premières expéditions n’ont eu lieu que le 4 janvier 2021, après un retard de six mois en raison de la pandémie de la Covid-19, ont souligné les instances africaines.
Un retard à l’abordage qui met en péril, on s’en doute, l’objectif de créer la prospérité partagée, stimuler la saine concurrence intra-africaine par le biais du libre-échange tant celui-ci va promouvoir une concurrence ouverte et loyale sur les marchés économiques, éliminer les pratiques déloyales (dumping, subventions..), stimuler la compétitivité de l’industrie et du commerce sur le continent et en imposer les gains de productivités.
Et les enjeux de la ZLECAF ne sont plus à compter. Projet-phare de l’Agenda 2063 de l’UA, les experts du développement de l’Afrique la considèrent comme une « initiative urgente » dont la mise en œuvre immédiate génèrerait des résultats rapides. Elle influerait sur le développement socioéconomique, donnerait plus de confiance aux Africains et renforcerait leur engagement et leur appropriation dudit Agenda que l’UA présente comme le schéma et le plan directeur de l’Afrique visant à transformer ce continent en puissance mondiale de l’avenir.
Qui plus est, son champ d’application est vaste et regorge d’opportunités multiples. L’Accord dont l’implémentation est tant attendue va réduire les droits de douane entre les pays membres et traiter d’aspects de politique générale liés notamment à la facilitation des échanges et aux services, tout en englobant des dispositions réglementaires telles que les normes sanitaires et les barrières techniques au commerce.
Aussi, sa mise en œuvre permettra-t-elle de réorganiser les marchés et les économies africaines et de stimuler la production dans les secteurs des services, de l’industrie manufacturière et des ressources naturelles.
Et à l’heure où l’économie mondiale est en proie aux soubresauts nés de la pandémie de la Covid-19 en 2020, la guerre russo-ukrainienne et ses succédanées, la création de ce vaste marché régional constitue une occasion à saisir par les pays africains pour diversifier leurs exportations, accélérer leur croissance et attirer les investissements directs étrangers, permettre de sortir de la pauvreté modérée environ 70 millions de personnes et de rendre les pays africains plus compétitifs, renforcer leur résilience face à de futurs chocs économiques et à mettre en place les réformes de fond nécessaires pour stimuler la croissance à long terme, et, conjuguer leurs efforts pour concrétiser le vieux rêve de l’intégration économique du continent.