En avant pour l’émergence d’une statistique africaine de qualité
INSTITUT AFRICAIN DE STATISTIQUE
[quote]Après l’adoption de la Charte africaine de la statistique (CAS) en janvier 2009 à Addis-Abeba (Éthiopie)et de la Stratégie pour l’harmonisation des Statistiques en Afrique (SHaSA) en juillet 2010 à Kampala(Ouganda), les Chefs d’État et de gouvernement viennent de prendre en janvier 2013, une décision historique sur la création d’un Institut de statistique de l’Union africaine dénommé STATAFRIC avec pour siège Tunis (Tunisie) afin d’apporter une solution efficace et durable au problème du développement de la statistique en Afrique.[/quote]
La pauvreté statistique observée sur le continent rend l’Afrique incapable d’évaluer ses propres projets de développement et les engagements dans lesquels elle s’est inscrite aux nive aux régional et international. La faible capacité statistique, l’inefficacité des cadres institutionnel set réglementaires de la production statistique, l’insuffisance de la mise en œuvre des normes internationales, la production des statistiques harmonisées, comparables dans le temps et l’espace sont, entre autres, les difficultés qui minent le système statistique africain et qui amènent les différents utilisateurs des données à recourir à celles des institutions internationales extérieures à l’Afrique qui ne traduisent pas, dans la plupart des cas, la réalité du quotidien des Africains.
Un changement de cap était nécessaire en vue de permettre à l’Afrique de se connaître et de comprendre la dynamique de ses populations : les naissances, les décès, la profession, le lieu de résidence, etc. ; sa pauvreté, ses richesses et ses potentialités; savoir si les politiques mis en œuvre ont un impact réel sur la vie des Africains, etc. Aujourd’hui, nul n’ignore l’importance de la statistique. C’est le seul instrument capable de fournir des faits réels en vue de savoir et de comprendre l’Afrique. C’est pourquoi, afin de permettre aux populations africaines d’avoir une de disposer de données comparables et désagrégées, entre autres, par : sexe, situation géographique, revenu, et par toute autre catégorie en vue de s’assurer qu’aucun groupe des populations ne reste à la traîne dans la mise en œuvre de l’agenda post 2015 et l’agenda 2063de l’Afrique. À chaque pays africain sa propre statistique. La production des statistiques officielles des pays doit être du ressort exclusif des autorités statistiques nationales. Ce sont elles qui ont le mandat légal(charte africaine de la statistique)les habilitant à collecter les données nationales. Cela relève de la souveraineté nationale. De même, la production des données statistiques officielles sur toute l’Afrique doit relever d’une institution panafricaine qui en a la légitimité. C’est pour cette raison que STATAFRIC a été créé.
STATAFRIC travaillera de concert avec les Communautés économiques régionales qui seront ses bras séculiers et les partenaires au développement pour la mise en œuvre de la charte et de la Stratégie d’harmonisation des statistiques en Afrique (SHaSA) qui sont les cadres stratégiques de référence pour la coordination des activités statistiques sur le continent et la production régulière des données de qualité et comparables dans le temps et dans l’espace sur tous les domaines socioéconomique, culturel et politique en vue de répondre aux besoins de l’Union africaine et de tous les utilisateurs notamment les décideurs politiques, les partenaires au développement, la société civile, citoyens, etc. Pour ce faire, à l’instar d’EUROSTAT au niveau de la Commission de l’Union européenne, STATAFRIC sera chargé de la coordination et de la régulation du système statistique africain en vue de la production des statistiques de qualité sur le continent. En tant que centre de référence, l’Institut doit amener le système statistique africain à parler un langage statistique commun: concepts, méthodes, structures et normes statistiques ; pour qu’il n’y ait qu’une seule statistique par pays: un indicateur, une donnée ;sinon aucune agrégation n’est possible aux niveaux régional et continental. Dans le cadre de la mise en œuvre de la Décision, la Commission de l’Union africaine a préparé un plan stratégique en étroite coopération avec le Gouvernement tunisien, les autres organisations panafricaines et les partenaires au développement en vue d’opérationnaliser l’Institut. Le document a été approuvé parla 7ème Réunion du Comité des Directeurs généraux des Instituts Nationaux de statistique (CoDGs) qui s’est tenue à Johannesburg(Afrique du Sud) du 05 au 07décembre 2013 et sera soumis à la Conference des ministres de l’économie et des finances prévue le 27mars 2014 à Abuja au Nigeria et au sommet de juillet 2014 pour une décision en vue de l’établissement rapide de l’Institut.
M. Dossina Yeo est chef p. i. de la Division statistique de la Commission de l’Union africaine.
[quote arrow=’yes’] La production des données statistiques officielles sur toute l’Afrique doit relever d’une institution panafricaine qui en a la légitimité[/quote]