Gabon : la Banque mondiale rassure le gouvernement
La récente annonce de la suspension, par la Banque mondiale, de ses décaissements en faveur du Gabon, a ébranlé le gouvernement de ce pays. L’institution de Bretton Woods rassure sur son engagement indéfectible envers le Gabon.
Mi-décembre 2024. La Banque mondiale saisit le gouvernement gabonais via le ministère de l’Economie, pour lui faire part de son projet de suspendre ses décaissements pour ce pays. L’affaire tombe quelques jours avant que les chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) se retrouvent à Yaoundé, au Cameroun, le 16 décembre 2024 pour évoquer leur dette vis-à-vis de leurs partenaires financiers, notamment le Fonds monétaire international (FMI). Selon des sources proches du dossier, les arriérés de 17 milliards de FCFA réclamés par la Banque mondiale avaient déjà fait l’objet des ordonnancements par la direction générale du Trésor du Gabon en novembre 2024 mais n’avaient pas été apurés. D’où l’ire de cette institution financière mondiale qui, le 13 janvier 2025, a finalement mis à exécution sa menace de suspension.
L’affaire tombe mal, le Gabon ayant déjà fait l’objet d’une première suspension de ses financements par la Banque mondiale en juillet 2024 pour n’avoir pas pu honorer ses engagements sur une dette de 10 milliards de FCFA. Dans un communiqué publié le 13 janvier 2025, le ministre gabonais du Budget et des Comptes publics, Charles M’Ba, indiquait que « cette situation ponctuelle tient à l’insuffisance de mobilisation sur le marché international de ressources prévues dans la loi de finances ; la prise en charge volontariste de mesures sociales additionnelles fortes particulièrement attendues de longue date par les populations ; l’affectation circonstancielle de ressources importantes à des opérations stratégiques du pays ».
En assurant « l’ensemble de ses partenaires et l’opinion nationale de la détermination du gouvernement à continuer de respecter ses engagements librement adoptés », Charles M’Ba rappelle qu’« à fin novembre 2024, l’Etat a effectué des paiements pour 1.210 milliards de FCFA au titre de la dette ». Il indique enfin que « toutes les dispositions nécessaires seront mises en œuvre pour apurer dans les meilleurs délais les arriérés en question ».
Du côté de l’institution financière internationale l’on invite le gouvernement à plus de sérénité. La Banque mondiale insiste sur « le caractère purement technique de cette mesure ». La Banque mondiale garantit qu’elle travaille en étroite collaboration avec les autorités gabonaises pour résoudre rapidement la situation, tout en poursuivant son soutien aux projets de développement. Elle souligne que « cette mesure n’est qu’un mécanisme normal de ses procédures et des accords contractuels entre les deux entités ».
Procédure standard
Selon le communiqué de la Banque mondiale à ce propos, « la suspension des décaissements dans le cadre des accords de financement conclus entre la Banque mondiale et le Gabon est une procédure prévue par les conventions signées entre les deux parties ». Elle intervient lorsque des retards sont constatés dans le remboursement des créances dues par l’État, mais elle n’affecte en rien l’engagement de l’institution à soutenir le Gabon.
La Banque mondiale a tenu à rappeler que ce mécanisme est destiné à garantir une mise en œuvre harmonieuse des projets financés. Elle a ajouté que cette mesure est temporaire et qu’elle n’a pas pour vocation de compromettre les objectifs de développement durable et inclusif portés par le Gabon.
« Le ministère de l’Économie et des participations collabore étroitement avec la Banque mondiale dans le cadre du suivi des arriérés, et nous avons confiance en la capacité et la volonté du gouvernement à finaliser le processus de paiement », affirme le communiqué. La déclaration de l’institution financière internationale traduit la volonté des deux parties de travailler de concert pour trouver une solution rapide et efficace aux défis financiers actuels. Elle insiste sur le caractère temporaire de la suspension et appelle à une lecture sereine de la situation.
Bernard Bangda