Jacob Zuma en crise…pré-électorale
[quote]En afrique du sud à quelques semaines des élections c’est un rapport dénonçant l’usage de fonds publics pour l’aménagement de la résidence secondaire de Jacob Zuma à nkandla qui s’invite dans la campagne électorale.[/quote]
L ’Afrique du Sud est en pleine campagne pour les élections générales qui doivent se tenir dans les mois à venir. Mais dans cette fièvre électorale, c’est un tout autre sujet qui retient en ce moment l’attention aussi bien des électeurs que de la classe politique. Le coût la résidence secondaire du président Jacob Zuma qui aurait été financé par l’argent du contribuable. Au cœur de la polémique, quinze millions d’euros d’argent public qui ont été utilisés pour rénover la maison privée du président Jacob Zuma. L’affaire a éclaté en 2009. Le gouvernement a d’abord tenté d’enterrer l’affaire puis de justifier les dépenses, expliquant qu’il s’agis- sait de rénovations pour améliorer la sécurité. Mais après des années d’enquête, la médiatrice chargée de la lutte anticorruption a publié son rapport. Face à la presse et à la nation, Thuli Madonsela a révélé, le mercredi 19 mars 2014 que contrairement à ce que certains avaient tenté de faire croire, toutes les rénovations qui ont été faites dans la résidence de Nkandla ne sont pas d’ordre sécuritaire comme par exemple une piscine, un amphi- théâtre ou encore une clinique. Expliquant que le président et sa famille ont personnellement bénéficié de ces rénovations. Toutefois, selon Thuli Madonsela, le président Zuma n’était pas au courant de ces travaux supplémentaires. Assurant que Jacob Zuma « n’a pas menti au Parlement lorsqu’il a assuré ne pas être informé de tous ces travaux ». En revanche, soutient-elle, son entourage, et notamment le ministre de la Police, aurait dû l’informer de ces coûts exorbitants. La médiatrice propose donc que Jacob Zuma rem- bourse une partie des travaux.
Elle recommande également qu’il sanctionne les ministres responsables. L’opposition veut sa tête ! A quelques semaines des élections pour l’opposition cette affaire arrive comme du pain béni pour en finir avec l’ANC le parti au pouvoir. A telle enseigne que même si dans son rapport la médiatrice a disculpé le président Zuma, expliquant qu’il ne savait que ces rénovations étaient financées par le contribuable, l’op- position préfère plutôt faire la sourde oreille. Deux partis d’op- position, l’Alliance démocratique et Julius Malema, leader du parti « Les combattants de la liberté économiques » ont porté plainte chacun de leur côté pour corruption et malversation contre Jacob Zuma et plusieurs hauts fonctionnaires. Mais bien avant la publication de ce rap- port ,c’est le chef de file de l’opposition sud-africaine au parlement, Lindiwe Mazibuko, également responsable de l’Alliance démocratique, qui a menacé de déposer une motion de censure visant à destituer le président Zuma, s’il est reconnu coupable d’avoir utilisé les fonds publics pour la rénovation de sa résidence privée située dans la localité de NKandla. « Je veux saisir cette opportunité pour délivrer un message clair à mes collègues en leur faisant comprendre que si le président est inculpé suite au rap- port dans “l’affaire” du NKandala, je n’hésiterai pas à déposer une motion de censure dans le but de le destituer », a-t-elle martelé.
Estimant que « L’Afrique du Sud ne peut pas accorder un quinquennat supplémentaire au régime dirigé par Jacob Zuma ». Le Congrès du peuple un autre parti d’opposition a , pour sa part, rappelé que les Sud- africains ont toujours en souvenir la destitution forcée du président Thabo Mbeki. Pour Lekota, ancien ministre sous le régime Mbeki et responsable du Cope un autre parti d’opposition, « L’Afrique du Sud est aujourd’hui moins heureuse comparée à l’époque où le président Mbeki a été forcé de démissionner ». Quant à Mangosuthu Buthelezi, dirigeant du parti Zoulou Inkata, il estime que l’actuel régime avec à sa tête, le président Zuma, a compromis les acquis légués par les précédents régimes de Mbeki et de Mandela. L’ANC porte plainte Au lendemain de la publication du rapport de la médiatce anti-corruption sur le financement des travaux de financement de la résidence de Nkandla et face aux assauts de l’opposition contre Jacob Zuma, l’ANC a apporte son soutien a son président. Pour le parti au pouvoir, le président ne peut pas être tenu pour responsable dans la mesure où ce n’est pas lui qui supervisait pas ces travaux. En outre, il n’a pas menti quand il a affirmé au Parlement qu’il avait lui-même financé sa maison. L’ANC a donc appelé à poursuivre les coupables: fonctionnaires, ministres, ex- ministres, architectes et entreprises, qui ont profité de ces excès.
Mais le parti a toutefois regretté le timing de ce rapport. Pour les membres du Congres National Africain c’est à des fins politiques et surtout électoralistes que ce rapport a été curieusement publié à quelques semaines des élections. Le gouvernement soupçonne Thuli Madonsela, la médiatrice de la République sud- africaine d’avoir repoussé la publication de son rapport pour fragiliser l’ANC. Mais en plus des déclarations de soutien à Zuma, l’ANC a décidé de répliquer plus vigoureuse- ment samedi le 22 mars, en portant plainte pour « diffamation » contre l’Alliance démocratique, accusée de colporter de fausses informations, pour récupérer des voix à l’approche des élections. Cette contre-offensive du parti au pou- voir a été déclenchée par un SMS envoyé par l’alliance démocratique à de potentiels électeurs, et qui fait directement référence à la résidence secondaire de Jacob Zuma en ces termes : « Le rapport Nkandla montre que Jacob Zuma a volé votre argent pour construire sa maison à 16, 5 millions d’euros. Votez pour l’Alliance démocratique pour combattre la corruption. Ensemble pour le changement. » Pour l’ANC, c’est l’attaque de trop. Son porte-parole a fait savoir samedi 22 mars que le parti portait plainte pour « diffamation ». Il a dénoncé un « mensonge délibéré » à l’encontre du président Zuma. L’ANC compte même saisir la commission électorale dans cette affaire, pour que ce « comportement irresponsable soit dénoncé ». Mais pour Lindiwe Mazibuko, la chef de file de l’alliance démocratique au Parlement, cette action en justice est une bonne occasion de prouver que Jacob Zuma est personnelle- ment responsable des abus commis à Nkandla.
Mireille Patricia Abié