Nouveaux Médias : jeunesse mondiale à rude épreuve
Les « influenceurs/ses », des menaces pour l’éducation de la jeunesse.
L’éducation de la jeunesse mondiale est mise à rude épreuve depuis quelques années en raison de l’omniprésence des réseaux sociaux. Sans reconnaitre que Facebook, Instagram et Tik Tok brouillent tous les repères, l’on constate que les jeunes sont de plus en plus attirés par des célébrités devenues pour eux des modèles .Ce fait constitue un frein pour l’acquisition par ces derniers des connaissances par les enseignements. Dans d’autres pays du globe, notamment au Cameroun, ce triste phénomène explique en partie la baisse progressive des performances scolaires.
Selon les statistiques de l’Office du Baccalauréat du Cameroun (OBC) en 2024, le taux de réussite du baccalauréat est de 37,2% .C’est l’un des taux le plus bas jamais enregistrés au cours des deux dernières décennies. L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) pour sa part ,relève une augmentation inquiétante du nombre d’enfants non scolarisés qui est passé de 1,6 millions en 2014 à plus de 2,6 millions en 2023 .Les parents et la communauté universitaire indexent l’impact des réseaux sociaux .Avec la forte influence des « influenceurs » qui amplifient obligatoirement la désaffection des jeunes pour l’école.
Les médias accusés
En dépit d’énormes sacrifices budgétaires consentis par le gouvernement, le système éducatif fait face aux problèmes structurels. Ce phénomène nouveau de glorification de modèles de réussite sur la popularité en ligne et à la richesse visible, plutôt que sur le mérite académique vient s’ajouter. De sources concordantes, les stars du « show -biz », des réseaux sociaux et du sport reçoivent une attention disproportionnée, reléguant dans l’ombre ceux qui réussissent par de parcours académiques rigoureux. Cet exemple est palpable au Cameroun où les jeunes sont aussi frappés par le chômage de masse .La dernière enquête sur l’emploi et le secteur informel de l’Institut national de la Statistique (INS), nous apprend que le taux de chômage des jeunes diplômés âgés de 25 à 35 ans atteint 14,8%,soit cinq fois plus que celui des non-scolarisés de la même tranche d’âge (3 %).
Flora Yselle Malah-Kuete, Ph.D Chargée de cours à la FSEG de l’Université de Yaoundé II, Chercheure au Centre d’Etudes et de Recherche en Economie et Gestion (Cereg) et au Programme des Boursiers Africains en Education (Afep) l’explique : « Une des causes principales de cette situation est le manque de modèles alternatifs qui pourraient inspirer et orienter positivement la jeunesse. Certains médias privilégient des célébrités dont le succès n’est pas nécessairement lié à une formation académique, renforçant l’idée selon laquelle la réussite peut se réaliser sans effort éducatif ».Pourtant ces plateformes peuvent offrir des opportunités économiques et favoriser l’entreprenariat jeune. Pour y remédier, elle propose le renforcement de la médiatisation des modèles de succès des jeunes dans leurs différentes activités avec les accompagnements spécifiques par le biais des ministères sectoriels. Le Cameroun regorge de nombreux modèles de réussite tels Marc Aurel Kamdem le plus jeune lauréat du baccalauréat scientifique en 2019-2020 à 13 ans, Mvondo Djob Barbe Thysteve qui a soutenu sa thèse à 22 ans devenant le plus jeune docteur africain …
Joseph Kapo