RDC/ZAMBIE : maïs impropre à la consommation crée polémique
Des maïs contaminés seraient convoyés de la Zambie pour la République Démocratique du Congo
Après la réouverture des frontières entre la RDC et la Zambie, une polémique alimentaire due à la présence des aflatoxines, responsables des tumeurs dans le foie des animaux et des humains dans les farines de maïs en direction vers le Congo redonne du grain à moudre aux autorités de ces deux pays.
« A la suite des informations préoccupantes sur une probable présence des substances impropres contenues dans la farine de maïs en direction de la RDC via Kasumbalesa, nous avons organisé une réunion ce mardi avec notre Collègue de la Zambie qui a noté avoir reçu les mêmes informations »,a déclaré le ministre Congolais du Commerce Extérieur, Julien Paluku .Les deux membres du gouvernement ont instruit le secrétaire général ai commerce de convoquer de toutes urgences une réunion : « Aussitôt, nous avons instruit le Secrétaire Général au Commerce Extérieur en sa qualité de Président de la commission Santé et Phytosanitaire (SPS) de convoquer, toutes affaires cessantes ses membres et de faire rapport. En attendant, l’œil de l’Office Congolais du contrôle est à la trousse de la moindre cargaison », poursuit Julien Paluku.
Certaines sources font état de plusieurs morts en Zambie où l’information a été confirmée le 24 août dernier par le ministre du Commerce. En Zambie, le système agricole et principale source de calories de la population, a déjà été extrêmement frappé d’une sécheresse historique qui sévit actuellement. Ce système pourrait également être victime d’un champignon. Des enquêtes sanitaires sont lancées à la suite de la disparition tragique de chiens ayant consommé de la nourriture contenant du maïs contaminé aux aflatoxines, qui est une substance toxique produite par deux espèces de champignons. L’inquiétude des autorités va grandissante d’abord pour la première raison qui est d’ordre sanitaire, étant donné que les aflatoxines peuvent provoquer des cancers du foie chez l’Homme à en croire l’OMS. À date, aucun décès n’est recensé, les lots concernés ont été rappelés.
Sécheresse et réchauffement climatique
Le second motif est la sécheresse historique qui secoue ce territoire, ayant pour impact négatif le réchauffement climatique. Selon le ministre de la Santé, Elijah Muchima, c’est bien le changement climatique et l’impact de la sécheresse en Zambie qui ont « exacerbé la présence d’aflatoxines cette saison ».Les dispositions sont déjà prises pour mieux comprendre la situation. « Les conditions de production de ces toxines sont étudiées dans le monde entier pour comprendre quelles vont être les facteurs à l’origine de la production de cette toxine. Donc, ça peut être des stress ou des conditions particulières qui vont affecter le métabolisme de ces moisissures, explique Jean-Christophe Meile, chercheur au Cirad à Montpellier.
Le maïs représente 60 % des apports en calorie de la population zambienne. La dernière récolte a été catastrophique à cause du manque de pluies: près d’un million d’agriculteurs en ont souffert, et les réserves du pays sont toujours extrêmement basses. C’est la première fois qu’une contamination d’une telle ampleur est observée. L’on signale qu’un « nombre alarmant » de 400 chiens seraient morts au cours du mois dernier en Zambie après avoir mangé du maïs contaminé et les humains pourraient également être en danger, a déclaré le ministre de la Santé du pays .Les résultats des tests restent « très préoccupants en raison des nombreuses implications sanitaires pour [la] population ».
Les autorités ont lancé une enquête sur l’approvisionnement en maïs du pays, après la découverte par Diamond TV une chaîne de télévision zambienne, que des dizaines de chiens étaient morts d’un empoisonnement aux aflatoxines. “Je suis moi aussi une victime. J’ai perdu plus de six gros chiens en l’espace d’une semaine”, a écrit Sunday Chanda, membre du parlement de l’opposition. Pour en savoir davantage, les autorités ont prélevé des échantillons auprès de 10 minoteries qui fabriquent des aliments pour chiens à base de maïs et transforment également le grain pour fabriquer de la farine de maïs, qui est consommée par les humains.
Des sources de l’Institut National de Santé publique de Zambie affirment qu’elles tentent actuellement de déterminer si les grains avariés ont eu un impact sur le grand public. Comme une grande partie de l’Afrique australe, la Zambie a été frappée par une grave sécheresse en début d’année. On estime qu’un million d’agriculteurs de subsistance ont subi des dommages aux cultures et les réserves de maïs dans le pays demeurent extrêmement faibles. « Nous enquêtons toujours sur la source de ces céréales contaminées et avons renforcé notre surveillance du produit sur le marché. Nous n’avons pas beaucoup testé l’aflatoxine auparavant car, c’est la première fois que nous constatons ce cas de forte concentration d’aflatoxine, dont nous enquêtons toujours sur la cause », a précisé Andrew Chintala , président de l’Association des meuniers de Zambie. De sources médiatiques, les « lots concernés » de farine de maïs ont été rappelés et des avis de saisie ont été émis à l’encontre des « entreprises concernées».
D’après un communiqué de presse du ministre du commerce extérieur en date du 25 aout dernier, a interdit l’entrée, la consommation et la commercialisation de 8 marques de farines de mais importées de la Zambie :Africa Milling, Roller Meal and Breakfast, Farm Feed Super Dog Meal, Continental Milling, Shabco Milling, Girad Milling, Busu Milling et Star Milling.
Joseph KAPO
