Remettre les jeunesses africaines au cœur des préoccupations
Le débat public est trop souvent confisqué par les générations les plus anciennes. Comment redonner aux jeunes Africains la place qu’ils méritent ?
L’Afrique est le continent le plus jeune du monde. En 2050, près de la moitié de sa population aura moins de 25 ans. Mais cette jeunesse, qui pourrait représenter une vraie richesse, est aujourd’hui menacée : les jeunes représentent 60 % du total des chômeurs sur le continent. Dans certains pays, en Afrique du Nord notamment, le taux de chômage des jeunes frôle les 30 %. Au Botswana, en République du Congo, au Sénégal, en Afrique du Sud et dans d’autres pays, la situation est encore plus préoccupante. Loin d’être défaitistes, nous pensons aujourd’hui que ces statistiques sont dues au fait que le potentiel de la jeunesse africaine reste aujourd’hui « inexploité ».
En 2018, Akinwunmi Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD) s’émouvait de la situation de désespoir dans laquelle était plongée la jeunesse de notre continent. « L’Afrique doit cesser d’être un musée de la pauvreté. Ses populations sont résolues à renverser cette tendance, affirmait-il. L’avenir des jeunes Africains n’est pas en Europe, leur destin n’est pas de périr en Méditerranée ».
Si une partie des jeunes Africains estime que la survie passe par une traversée de la Méditerranée, nous pensons fermement que les jeunes populations doivent prendre leur destin en main. Depuis la création de notre mouvement dénommé la Jeunesse africaine au pouvoir (JAP) en juin 2021, nous avons pu rencontrer et échanger avec plusieurs jeunes leaders de leurs communautés respectives, pour la plupart motivés à participer à l’émancipation de la jeunesse.
« Rappelez-vous que la jeunesse africaine est le moteur de développement du continent »
Mais si ces jeunes Africains nourrissent l’ambition de transformer leurs vies, leurs économies nationales et leurs sociétés, rien ne peut se faire sans des politiques publiques adaptées, sans une jeunesse instruite, mais surtout bien formée. Et encore moins sans que l’on ne laisse à ces jeunes femmes et hommes une chance de transformer le monde.
L’Afrique dispose d’un capital humain incroyable. Mais les infrastructures, les formations ou l’éducation sont bien souvent insuffisantes pour faire éclore une jeunesse africaine suffisamment responsabilisée, qui puisse contribuer effectivement et efficacement au renouveau de l’Afrique. Une jeunesse capable de créer de la richesse et de vivre pleinement le rêve de prospérité, de paix, de stabilité et du développement durable en Afrique.
Avant de pouvoir en arriver là, il convient de remettre la jeunesse au cœur du débat public. Un débat souvent confisqué par les générations les plus anciennes. Dirigeants, chefs d’entreprises, membres de la société civile, rappelez-vous que la jeunesse africaine est le moteur de développement du continent. Cette même jeunesse doit se replacer au cœur de vos préoccupations. Car selon nous, tous les jeunes méritent de réussir. Ils sont l’avenir du continent qui, sans eux, ne pourra faire sa révolution.
M. N’Guessan M’Bahia est le président-fondateur de la Jeunesse africaine au pouvoir (JAP), une organisation apolitique implantée dans 14 pays, qui compte plus de 2 000 membres.