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November 21, 2024
POLITIQUE

Serguei Lavrov, Ministre des Affaires Etrangères de la Fédération de Russie

  • mai 12, 2018
  • 20 min read
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Serguei Lavrov,  Ministre des Affaires Etrangères de la Fédération de Russie

 

Le Ministre des Affaires Etrangères de la Fédération de Russie a effectué une tournée sur le continent africain en mars 2018. Avant d’entamer ce voyage, le plus important pour la diplomatie russe, au cours de ces dernières décennies, le patron de la diplomatie russe s’est ouvert à HOMMES D’AFRIQUE MAGAZINE.
Dans le domaine journalistique panafricain, cette interview exclusive est un SCOOP. Tellement, la parole de Serguei Lavrov est rare et sélective lorsqu’il s’agit de parler aux médias africains.

Au moment où l’Afrique est devenue le terrain d’une vaste bataille géostratégique des plus grandes puissances mondiales (la visite de Lavrov a curieusement coïncidé avec celle de Rex Tillerson, ex-Secrétaire d’Etat américain), la Russie n’entend plus se laisser distancer encore par la Chine et les Etats-Unis d’Amérique.
En exclusivité, Serguei Lavrov détaille la vision de son pays pour l’Afrique.

En mars 2018, vous vous êtes rendu en Afrique pour visiter cinq États africains. C’est la visite la plus importante du Ministre des affaires étrangères de Russie en Afrique au cours des dernières décennies. Quel était l’objectif de votre visite?
La Russie suit un cours pluridimensionnel dans sa politique extérieure. Le vecteur africain est une de nos priorités, ce qui est fixé dans la version renouvelée du Concept de la politique étrangère de la Fédération de Russie approuvé par le Président Vladimir Poutine en novembre 2016. Nous saluons l’apport de l’Afrique dans la formation d’un ordre mondial polycentrique, plus équitable et démocratique, aussi bien que dans la solution des enjeux actuels de la modernité.
Notre pays a contribué activement à l’indépendance des pays d’Afrique, à l’établissement et au renforcement de leurs structures étatiques. Aujourd’hui nos relations portent un caractère amical et sont orientées vers l’avenir. Nous sommes en train de développer un dialogue politique qui comprend, entre autres, l’échange de visites au sommet et à d’autres échelons élevés, d’élargir la coopération commerciale et économique, de promouvoir l’interaction interparlementaire.
Ma visite dans les pays d’Afrique subsaharienne, à savoir l’Angola, le Zimbabwe, le Mozambique, la Namibie et l’Éthiopie, vise à l’accroissement ultérieur des relations sur des plans différents, à la recherche de nouveaux vecteurs pour les efforts communs dans le secteur commercial et économique, scientifique et technique, humanitaire, etc. Nous espérons un échange approfondi sur un large éventail de problèmes globaux et régionaux, y compris la lutte contre le terrorisme, le règlement des crises, dont celles de la région du Sahara-Sahel, de la Corne de l’Afrique, de la région des Grands Lacs.
La Russie attache une grande importance au renforcement des liens avec les organisations africaines régionales et sous-régionales, surtout avec l’Union africaine. Dans le cadre de la réalisation du Mémorandum d’entente concernant le mécanisme de la réalisation des consultations politiques de 2014 entre le ministère des affaires étrangères de Russie et la Commission de l’Union africaine j’ai prévu rencontrer le Président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat. Il s’agit d’aborder les relations entre la Russie et l’Union africaine, de discuter le rôle de cette organisation dans la recherche des meilleures réponses aux nombreux défis et menaces auxquels le monde contemporain est affronté.

Quel est l’état actuel des relations russo-africaines dans le secteur politique, diplomatique, économique et culturel ? La situation courante vous satisfait-elle ?
Comme je viens de noter, les relations de la Russie avec les pays d’Afrique portent un caractère traditionnellement amical, elles sont bâties sur les principes de l’égalité et du respect mutuel et disposent d’un potentiel considérable dans la sphère politique, économique et commerciale, humanitaire et dans d’autres domaines.
Les contacts politiques se développent de la façon la plus dynamique. Nous sommes en interaction étroite avec l’Afrique du Sud, notre partenaire stratégique et membre des BRICS. Les présidents des deux États se rencontrent régulièrement «en marge» des sommets du G5 et sur d’autres sites multilatéraux.
L’année dernière, le Président de Guinée et le dirigeant de l’Union africaine Alpha Condé s’est rendu en Russie avec une visite officielle; il a déjà visité notre pays en tant qu’invité au Forum économique international de Saint-Pétersbourg. L’année dernière également, le Vice-premier ministre de la Fédération de Russie et le représentant plénipotentiaire du Président dans le District fédéral extrême-oriental Youri Troutnev a effectué des voyages d’affaires en Angola, en Namibie et en Afrique du Sud.
Les relations interparlementaires se développent activement. La 137ème Assemblée de l’Union interparlementaire qui a eu lieu en octobre dernier, s’est déroulée avec la participation des délégations représentatives des organismes législatifs de nombreux pays africains. Des négociations ont eu lieu «en marge» du forum entre les dirigeants des deux chambres de l’Assemblée Fédérale de la Fédération de Russie et leurs collègues du Botswana, du Burundi, de la Namibie, du Rwanda, des Seychelles, de l’Ouganda, de la Guinée équatoriale, de l’Afrique du Sud.
L’interaction entre les responsables de politique étrangère s’élargit. Au cours de l’année dernière 12 ministres des affaires étrangères ont visité la Russie. Un grand travail pour le maintien des relations avec l’Afrique est effectué dans le secteur de responsabilité du vice-ministre, représentant spécial du Président de la Fédération de Russie pour le Moyen-Orient et les pays d’Afrique Mikhaïl Bogdanov. Les consultations entre les ministères des affaires étrangères se tiennent sur une base régulière. Des contacts étroits sont soutenus dans le cadre des Nations Unies. Je constate avec satisfaction que la plupart des pays africains sont intéressés par le renforcement du dialogue politique avec la Russie, la coordination soutenue des approches aux problèmes globaux de la modernité.
Les relations humanitaires s’approfondissent. En Zambie, au Congo, en Tanzanie, en Éthiopie des Centres russes de la science et de la culture fonctionnent fructueusement et servent de base pour des séminaires, des conférences, des cours didactiques pour la formation continue des spécialistes locaux de la langue russe, des festivals de la langue russe, des tables rondes, des présentations. Nos ambassades sur le continent organisent régulièrement des expositions thématiques, des séances de cinéma. La «saison culturelle croisée» Russie – Afrique du Sud a eu lieu en 2016-2017.
La formation des cadres locaux est une sphère de coopération traditionnelle. Chaque année, le Gouvernement de la Fédération de Russie accorde aux États d’Afrique, à partir des moyens budgétaires, des bourses pour les études dans les universités russes. En 2017 seulement nous avons accueilli plus de 1 800 boursiers africains. Au total, 15 000 Africains étudient en Russie actuellement, dont près de 4 000 à titre budgétaire et le reste à titre de contrat.
L’interaction économique n’est pas encore aussi intense que celle, par exemple, dans le secteur politique. Mais au cours des dernières années une certaine croissance s’esquisse. Les échanges commerciaux avec les pays d’Afrique subsaharienne en 2017 se sont élevés à 3,6 milliards de dollars, en 2016 à 3,3 milliards de dollars, en 2015 à 2,2 milliards de dollars. Aujourd’hui les acteurs économiques russes sont représentés en Afrique dans le domaine de la prospection géologique et l’extraction de ressources minérales, aussi bien que dans le secteur énergétique et celui de pétrole et de gaz: ils s’occupent de la prospection, de l’exploitation des sites pétroliers et gaziers, aussi bien que de la réalisation des produits pétroliers, participent aux programmes nationaux pour la mise en service du gaz et la création des systèmes de gazomètres, assurent l’entretien des centrales hydroélectriques, travaillent sur le projet de construction des centrales nucléaires et des centres de science nucléaire et de technologies. La coopération se poursuit dans la sphère high-tech. Dans d’autres domaines aussi, les perspectives sont visibles – les transports, l’industrie, l’agriculture.
Nous nous basons sur la nécessité d’augmenter le travail commun pour faire épanouir davantage le vaste potentiel de la coopération russo-africaine dans le commerce et les investissements.

L’Afrique est un continent énorme qui nécessite toujours un développement économique, en même temps une croissance démographique active et l’abondance en ressources naturelles créent des prémisses pour que le marché le plus grand du monde y surgisse peut-être dans les décennies à venir. La Russie est un pays industriel développé avec une population relativement petite et des réserves considérables de ressources naturelles. Comment la Russie et l’Afrique devraient-elles établir des relations économiques mutuellement avantageuses? Quels secteurs de l’économie ou, plus précisément, quels produits et services pourraient être à la base de ces relations?
J’ai déjà répondu en partie à cette question. Le sous-sol de l’Afrique est riche en ressources de matières premières, dont celles indispensables pour le développement des secteurs high-tech, pour la transition vers une nouvelle formation technologique.
Nous avons une série d’exemples de coopération fructueuse dans ce domaine. La société «Alrosa» extrait des diamants du gisement principal d’Angola «Catoca». La Société Unie RUSAL, en Guinée, exploite la bauxite sur le gisement de Friguia et réalise la concession pour la mise en valeur du gisement de Dian-Dian. RUSAL possède également 85% des actions de l’entreprise nigériane productrice d’aluminium «Alscon». Un consortium qui regroupe une série de nos sociétés, y compris le groupe d’investissements et d’industrie «Vi Holding», met en œuvre un projet pour l’exploitation du gisement le plus important des platinoïdes au Zimbabwe «Darwendale». La société pétrolière «Rosneft» a gagné l’appel d’offres au Mozambique pour la prospection des réserves du gaz sur le plateau continental. La société «Nordgold» extrait l’or au Burkina Faso et en Guinée, «GPB Global Resources» s’occupe de la prospection géologique de l’or au Mali et de l’uranium au Niger. La société minière «GeoProMining» s’occupe de l’extraction et du traitement des sables contenant du titane en Guinée-Bissau, la société «Renova» – de l’extraction du minerai manganésifère en Afrique du Sud. La société publique par actions «Severstal» participe à l’exploitation du gisement du phosphate en Guinée-Bissau. Ces exemples, ainsi que d’autres, permettent de regarder vers l’avenir avec optimisme.
À part la coopération dans la sphère minière, l’interaction est mise en place dans le domaine high-tech. La société publique «Rosatom» examine une série de projets intéressants pour les Africains. Il s’agit notamment de la création du centre de la science nucléaire et des technologies en Zambie – un projet pareil existe au Nigeria. Il y a de bonnes perspectives pour les efforts communs au Ghana, en Tanzanie, en Ethiopie. Des négociations sont en cours sur la construction de la centrale nucléaire en Afrique du Sud.
Je le répète, nous continuerons à faire le maximum pour faire accroître les liens commerciaux et économiques jusqu’au niveau élevé de l’interaction politique.
Les États africains se prononcent pour la reforme générale de l’activité des Nations Unies. Ils préconisent surtout l’élargissement du Conseil de sécurité des Nations Unies pour que deux places permanentes y soient fixées pour l’Afrique. Êtes-vous au courant de ces souhaits des Africains? Quelle est l’approche de la Russie à cette question?
Évidemment, nous connaissons bien la position consolidée de l’Afrique au sujet de la réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies, formulée dans le «consensus Ezulwini» adopté en 2005.
De notre part, nous soutenons la nécessité de la représentation équitable de l’Afrique au sein du Conseil de sécurité, y compris parce que la problématique africaine représente la partie majeure de l’ordre du jour des Nations Unies. Nous sommes prêts à soutenir la réalisation des espoirs des pays africains sur la base du modèle de l’élargissement du Conseil qui bénéficierait du soutien le plus large des États membres des Nations Unies.
Nous comptons que l’Union africaine continuera à promouvoir une approche unie, formulée dans le «consensus Ezulwini». C’est une garantie fiable que les intérêts africains ne seront pas mis de côté, comme c’était le cas dans le passé. On ne peut pas ignorer l’opinion unie d’une cinquantaine d’États. Nous sommes persuadés que la force du continent africain réside dans la fidélité à ce vecteur commun.
Nous menons un dialogue confidentiel avec les États d’Afrique à ce sujet, aussi bien au sein des Nations Unies qu’au niveau bilatéral. Notamment, en juillet 2017, le ministre des affaires étrangères de Sierra Leone Samura Kamara est venu à Moscou en tant que président du «Comité des dix» de l’Union africaine, créé pour la promotion des intérêts africains au cours de l’élargissement du Conseil de sécurité des Nations Unies. Un échange intéressé a eu lieu, nous avons formulé la compréhension commune que la réforme du Conseil de sécurité n’est possible que par l’intermédiaire des négociations interparlementaires à New York. Elles doivent continuer sur toutes les propositions existantes sans agiotage, rétrécissement artificiel de l’ordre du jour, imposition des horaires et limites arbitraires.
Le point de repère pour nous reste l’objectif de donner au Conseil un caractère plus représentatif, sans toutefois porter atteinte à son efficacité. Sa composition doit refléter le processus de l’établissement et du renforcement d’un ordre mondial polycentrique.
En même temps nous sommes sceptiques à l’idée de limiter le droit de veto. Nous considérons l’institut du veto comme un élément important dans l’élaboration des décisions appropriées du Conseil et la défense des intérêts de la minorité.

Dans le sigle BRICS, la lettre R est pour la Russie, et S pour l’Afrique du Sud. La création des BRICS et de la Banque de développement des BRICS est devenue, pour beaucoup d’Africains, un espoir pour l’apparition d’une alternative plus favorable, en opposition à la politique impérialiste, oppressante et exploitante des pays occidentaux et des institutions sous leur contrôle comme le FMI et la Banque mondiale. L’espoir ne s’est pas réalisé. Et beaucoup d’Africains ressentent de la déception. En tant que ministre des affaires étrangères d’un des États leaders des BRICS, qu’est-ce que vous pourriez dire aux Africains pour soutenir leur confiance en possibilités des BRICS?
Je ne peux pas accepter ces évaluations de l’activité des BRICS. Par contre, l’intérêt international pour l’alliance augmente. Nous le voyons d’après les sommets des leaders qui attirent l’attention accrue des médias et des experts, d’après des dizaines de rencontres au niveau des ministres et des chefs d’institutions, des forums des représentants de la société civile, de la communauté scientifique, des personnalités de culture et de sport. Les décisions élaborées par le G5 dépassent de loin la coopération intra-BRICS et se projettent sur les sites politiques et économiques internationaux les plus divers.
L’interaction dans le cadre du G5 est un élément important dans la formation d’un ordre mondial plus équitable et démocratique, un exemple suggestif du renforcement des principes multilatéraux et collectifs dans les affaires mondiales. Notre partenariat stratégique se développe sur les principes d’égalité et de solidarité, de respect mutuel et de prise en compte stricte des intérêts mutuels, d’ouverture et de coopération mutuellement avantageuse, de la primauté du droit international et de la Charte des Nations Unies. Ces principes sont partagés par la plupart des États du monde, y compris sur le continent africain. Ceci dit, nous ne nous mettons pas en opposition aux autres alliances ou forums. BRICS, c’est toujours «pour», pas «contre».
Cette année, c’est l’Afrique du Sud qui est aux commandes des BRICS. Si l’on veut une image, l’alliance retourne en Afrique. Bien que nos pays n’aient jamais «tourné le dos» aux problèmes du continent – ils obtiennent toujours l’attention appropriée au cours des sommets et d’autres réunions de haut niveau du G5. Il est symbolique que la présidence sud-africaine coïncide avec le centenaire de la naissance de Nelson Mandela, le sage Madiba, qui défendait les mêmes principes que notre alliance.
Je constate avec satisfaction que nos amis sud-africains ont l’intention de saturer l’ordre du jour des BRICS par les sujets africains, de discuter les problèmes et les défis principaux du continent. De notre part, nous saluons cette intention. Nous soutenons l’approfondissement du dialogue BRICS-Afrique dont le début a été marqué à Durban en 2013 au cours de la rencontre des pays de l’alliance avec les dirigeants de l’Union africaine et les leaders des huit alliances régionales d’intégration principales. Cette année également, la présidence prévoit inviter les africains au Dixième sommet anniversaire des BRICS à Johannesburg.
Évidemment, le dialogue BRICS – Union africaine ne se limite pas par les périodes de la présidence sud-africaine. La Guinée, en sa qualité de présidente de l’Union africaine, a participé à la rencontre des leaders des pays BRICS avec les chefs des États invités au cours du sommet de 2017 à Xiamen. Nous croyons que le concept «BRICS plus» approuvé l’année dernière crée une base pour donner un caractère systémique à la pratique d’inviter aux sommets du G5 les présidents de l’Union africaine et peut-être des autres associations régionales africaines.
Les pays BRICS sont l’investisseur principal dans l’économie africaine. Nous constatons avec satisfaction la croissance de l’intérêt des pays d’Afrique pour l’approfondissement de la coopération pratique avec le G5. Des possibilités supplémentaires pour cela sont accordées par la Nouvelle banque de développement mentionnée ci-dessus. Cette institution financière, avec la Réserve d’arrangement de devises, vise à la formation d’une architecture économique globale plus équitable.
Aujourd’hui la Banque est en voie d’établissement. Nous comptons qu’elle pourra travailler ultérieurement non seulement en Afrique du Sud, mais aussi dans d’autres pays du continent, y compris avec l’aide du Centre régional africain de la NBD à Johannesburg, créé en août dernier.
Bien sûr, les relations des cinq pays avec le continent ne se limitent pas par l’économie et les finances. Des dizaines de milliers d’étudiants africains font leurs études dans les pays BRICS. Les États du G5 jouent un rôle important dans les efforts de maintien de la paix en Afrique.

Le cinquième sommet «Union africaine – Union européenne» a eu lieu en novembre 2017 à Abidjan (Côte d’Ivoire). Des sommets se tiennent régulièrement entre les pays d’Afrique et la Chine, l’Inde, la Turquie et d’autres États, il y a aussi la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique qui est de fait un sommet nippo-africain. Pourquoi les sommets au format Russie-Afrique ne sont pas organisés? Est-ce qu’un événement pareil ne serait pas profitable pour la Russie aussi bien que pour l’Afrique?
Nous étudions attentivement la pratique des sommets entre les pays africains et leurs partenaires étrangers importants.
À présent, les relations de la Russie avec les pays d’Afrique évoluent aussi bien sur la base bilatérale que dans le cadre des organisations régionales africaines, avant tout l’Union africaine et la Communauté de développement d’Afrique australe. Comme je viens de noter, un dialogue politique intense est maintenu avec les États du continent, les contacts interparlementaires se renforcent, les liens économiques, commerciaux et d’investissements se perfectionnent et l’interaction scientifique et technique et humanitaire s’élargit. Les représentants des pays africains participent activement aux différents forums internationaux organisés sur le territoire de la Russie.
Le commencement du dialogue entre la Commission de l’Union africaine et la Commission de l’Union économique eurasienne est devenu un nouveau vecteur de coopération. Nous espérons son approfondissement.
Nous amis africains, tout en notant la demande pour la présence active de la Russie dans la région, expriment de plus en plus souvent leur intérêt pour un sommet Russie-Afrique. Une telle réunion, sans aucun doute, favoriserait l’approfondissement de l’ensemble de notre coopération. Il faut cependant tenir compte que l’organisation d’un événement à une telle échelle avec la participation de plus d’une cinquantaine des chefs d’État et de gouvernement exige sa préparation la plus minutieuse, y compris son contenu substantif.
C’est pourquoi la composante économique du sommet qui représenterait un intérêt pratique pour toutes les parties prend une importance particulière. À cet égard, il faut définir les acteurs russes concrets pour la coopération bilatérale ou multilatérale qui soient non seulement orientés vers une interaction à long terme, mais aussi prêts aux investissements à grande échelle dans le marché africain, compte tenu des risques possibles et de la concurrence élevée. La recherche des hommes d’affaires en provenance des États africains et visant au travail sur le marché russe n’en est pas moins importante.
Il est évident qu’il faut du temps pour résoudre ces questions. On pourrait commencer par des réunions d’experts, disons, dans le cadre du Forum économique international de Saint-Pétersbourg ou du «Forum de Valdaï», ou bien d’autres événements où les représentants du monde des affaires de nos États prennent part.

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Hommes d'Afrique Magazine

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