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March 29, 2024
POLITIQUE

Coronavirus La Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique ouvre un débat mondial sur les stratégies de déconfinement.

  • mai 10, 2020
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Coronavirus La Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique ouvre un débat mondial sur les stratégies de déconfinement.

La Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique ouvre un débat mondial sur les stratégies de déconfinement.

“L’Afrique perd, par mois de confinement, environ 2,5% de son PIB annuel, soit l’équivalent de 65 milliards de dollars. Il devient urgent de penser à une stratégie de sortie rapide de la crise” a indiqué le 7 mai 2020 Vera Songwe, Secrétaire générale adjointe de l’ONU et Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA). C’était lors d’un débat mondial virtuel sur les stratégies d’un déconfinement du fait de la pandémie du Covid-19.

Echanger sur les choix politiques, les défis et les risques auxquels sont confrontés les gouvernements afin d’identifier les options de déconfinement appropriées relativement à la crise sanitaire que traverse le monde et qui a surpris tout le monde, l’Afrique notamment.

Le déconfinement pour sortir de la crise de COVID-19 est donc au centre des débats des leaders politiques et de gouvernements.

Des stratégies de réponses à mettre en place varient d’un pays à un autre, quand d’autres sont souvent similaires .Les données et chiffres annoncés semblent ne pas traduire la réalité, créant de fait des crises de la confiance entre les populations et leurs gouvernements, entre les citoyens et leurs institutions. Face à ces incertitudes, quels sont les choix politiques, les défis et les risques auxquels sont confrontés les gouvernements africains?

Il était essentiel pour la CEA d’y apporter des éléments de réponse. Les panélistes qui ont pris part au débat ont permis par leurs interventions d’identifier des options de déconfinement appropriées pour l’Afrique.

Pendant deux heures, les intervenants qui se sont succédés représentaient les Nations Unies, l’Union africaine, les Ministres et membres de gouvernement en Afrique et en Europe, les universitaires, les acteurs de la société civile et des acteurs des médias. Les débats sont partis d’une préoccupation commune: selon les experts, qu’il soit partiel ou total, un confinement adopté pour limiter la propagation du virus pendant une durée d’un mois à travers l’Afrique coûte énormément.

De l’avis des participants, les répercutions ont pour la majorité des cas été parfois sous-estimées. Ce faisant, des pays commencent à annoncer leurs plans de déconfinement. Au vu des nombreuses incertitudes, il devient difficile et complexe de faire des prédictions fiables. Plusieurs facteurs rentrent en jeu et affecteront les stratégies-pays. La seule certitude c’est que toute stratégie de déconfinement devra pouvoir trouver un équilibre durable entre la protection de la vie des populations, l’atténuation des défis économiques et l’éradication de la propagation du virus.

Renforcement de la coopération et la solidarité entre tous les Etats du monde.

Mme Arancha Gonzalez Laya, Ministre espagnole des Affaires étrangères, de l’Union et de la coopération européennes, n’a pas manqué de souligner l’importance de la coopération dans cette stratégie de déconfinement. La pandémie laisse un message plus que jamais clair; celui de la solidarité entre tous. “Personne ne sera épargnée si nous ne sommes pas tous à l’abri” souligne la Ministre.

C’est par exemple fort de cette solidarité que des efforts sont déjà entrepris aux fins de mobiliser des ressources pour accélérer la disponibilité des tests de dépistage et d’un vaccin, un vaccin qui bénéficiera à tous. L’Espagne a également tenu à faire savoir que

l’Afrique avait de bonnes initiatives en matière de réponses. Il importe par conséquent que ce narratif parte de l’Afrique vers le monde. Un point qui a relancé la question sur le rôle des médias africains dans la gestion de la crise, son impact dans le processus de déconfinement.

Envisager un repositionnement de la communication et des médias.

L’industrie des médias et de la communication jouera un rôle capital dans la sortie de crise du COVID19. C’est d’ailleurs dans ce sens que Mostapha Mellouk, PDG de Casablanca Media Partners et Fondateur du Centre de réflexion Africa2025 et Amadou Mahtar Ba Président exécutif, AllAfrica Global Media Inc. –modérateur du dialogue, ont suggéré d’aller au-delà du Panel des médias africains sur le COVID19 qui a été mis sur pieds par la CEA.

“ Il est plus que jamais temps de considérer les médias comme des acteurs et non plus comme des spectateurs…C’est aux médias qu’il reviendra de lancer la renaissance économique après les déconfinements. Il leur incombera par la même occasion de communiquer les orientations, la vision d’espoir et de confiance aux institutions” a rappelé Mostapha Mellouk.

En complément, la médiation de la CEA vers l’ONU a été souhaitée en faveur de la création d’un organe global spécialement dédié à la communication et aux médias au même titre qu’il en existe pour l’agriculture, la santé, l’éducation etc.

Placer les populations en avant de toute stratégie de déconfinement.

Le Rwanda, qui est de plus en plus cité comme exemple en Afrique, a opté pour un déconfinement par étapes. Prenant part aux échanges, S.E.M. Uzziel Ndagijimana, Ministre des finances et de la planification

économique du Rwanda a présenté les défis de son pays et les stratégies mises en place.

Au regard des conséquences désastreuses que le confinement aurait sur l’économie, le Ministre s’est fait l’écho du Président Kagamé qui fait appel à un “bon engagement” de la part des “partenaires”. Malgré tout, les populations demeurent au centre des priorités de l’action gouvernementale. Après quelques semaines de confinement strict, Kigali a réévalué l’impact en termes de condition de vie de sa population. Notamment dans quelques secteurs tels que les transports, l’agriculture, l’emploi et la santé. Le déconfinement a ainsi pris effet dès le 4 Mai. Cependant, il est restrictif à certains secteurs uniquement.

La collecte des données et une coordination sont capitales pour un déconfinement réfléchi.

Une sorte de “suivisme” aura été observée dans la définition des stratégies de ripostes des pays africains. « La pandémie du COVID-19, tout en affectant les économies mondiales, aura un effet dévastateur sur les économies et les entreprises africaines » relève à son tour Docteur Ibrahim Assane Mayaki premier responsable de Agence de développement de l’Union africaine.

Pour lui, il demeure capital de ne pas exporter les stratégies. La collecte des données et une coordination sont essentielles pour mieux gérer les déconfinements. La CEA rajoute à ce sujet qu’ “un apprentissage actif et la collecte de données peuvent aider les décideurs à déterminer les risques.” Des mesures de confinements strictes qui marcheraient ailleurs constitueraient des désastres au niveau de la Santé mentale, l’Emploi et la Durabilité dans un autre contexte.

C’est la raison pour laquelle il est judicieux dans la majorité des pays africains de se focaliser sur les micros, petites et moyennes entreprises (MPME); d’opter pour “un confinement intelligent car la revitalisation des économies africaines se fera grâce aux MPME”. Pour y arriver, un aspect important est la collecte des données et la coordination.

La bonne gouvernance et un leadership éclairé seront déterminants.

C’est d’ailleurs à ce niveau que l’un des aspects de cette crise qui est l’impact politique mérite ample réflexion. Les dirigeants politiques seront évalués sur leur capacité à maintenir la relation de confiance avec leurs populations respectives. Certains Etats l’ont compris et se rendent plus proches des populations afin de garder cette relation de confiance.

Une chose est certaine, “il est impossible de confiner des gens qui n’ont pas d’argent ni de quoi manger” relève Dr Mayaki qui conclut en affirmant que “la pauvreté ne peut pas être confinée”. Il a été observé plusieurs types de leadership dans cette crise. La représentativité et la légitimité des leaders politiques seront évaluées par les citoyens sur la capacité des élus à assurer la sécurité sanitaire et l’amélioration des conditions de vies de celles-ci.

Des vulnérabilités en matière de santé pourraient rendre une sortie prématurée de confinements plus risquée. Tout est dans le timing: planifier une stratégie de sortie de confinement. Profitez du retard actuel pour apprendre des expériences autres pays.

Renforcement de l’opérationnalité de la zone de libre-échange continentale.

En prenant l’exemple de la région du Sahel, il existait déjà une crise sécuritaire, une crise alimentaire. Il faudra désormais y ajouter la crise sanitaire causée par la pandémie du coronavirus. Les conséquences ne se

feront pas ressentir que dans cette région, mais bien au-delà. L’urgence d’agir de manière stratégique sera requise.

Le Professeur Haroon Bhorat Professeur d’économie et Directeur de la recherche sur les politiques de développement à l’Université du Cap estime que l’opportunité est ainsi donnée de renforcer l’opérationnalité de la zone de libre-échange continentale. “Il n’y a pas de solutions faciles pour relancer une économie affectée par Covid-19. Il est cependant évident que la réponse à la crise de santé publique n’est pas négociable” soutient Haroon Bhorat.

Après les déconfinements, il faudra trouver des voies et moyens pour accroître l’accès aux produits, aux marchandises et l’approvisionnement des pays. Cela est économiquement rentable avec l’effectivité d’une zone de libre-échange.

Envisager l’impact social et psychosocial

Un des aspects qui jusqu’à lors aura été moins regardé est la dimension sociale et psychologique du confinement. Ce sont des aspects qui touchent de manière sournoise la majorité de la population et dont les répercussions ne sont pas à négliger. Avec de nouveaux modes de vies, une restriction de la mobilité, une réduction de la capacité financière, la santé mentale des populations en prendra un coup.

Les conséquences peuvent s’évaluer en termes de violences domestiques, abus de tout genre, montée du stress etc. La frange de la population qui subit de plein fouet les confinements est celle qui regroupe les modestes économies. Une catégorie qui constitue cependant l’essentiel des économies individuelles en Afrique. Sa capacité d’absorption des effets de la pandémie est très limitée et doit être soutenue.

Tenir compte des communautés défavorisées.

Des communautés comme celle de “Kibera” dans la capitale du Kenya sont des centres qui méritent une double attention car ce sont des centres potentiels de contamination communautaire. Toute stratégie de déconfinement qui ne s’accompagne pas d’un plan social comme c’est le cas en Afrique du Sud aurait des effets négatifs.

Intervenant au nom des organisations de la société civiles opérant dans ces milieux, Odede acteur de la Société Civile basé à Nairobi a pris l’exemple des ghettos comme celui de Kibera pour affirmer qu’“on ne peut pas parler de confinement à quelqu’un qui a du mal à vivre avec moins d’un dollar par jour”.

A Kibera, la grande majorité des gens ne gagne que quelques dollars par jour. Ceci est une autre réalité à prendre en compte dans les mesures de déconfinements envisagées par les Etats. Odede précise qu’entre “s’acheter un masque de protection et se trouver de quoi manger, à Kibera le choix est très vite fait”.

A la date du 30 Avril, au moins 42 pays africains ont placé leur pays en confinement total ou partiels parmi lesquels 38 ont déjà duré 21 jours au minimum. Les confinements posent des défis pour la sécurité alimentaire, la distribution, la production et exacerbent les défis.

Pourtant, sans ces confinements, l’Afrique est vulnérable à la propagation du virus. Et comme ne cesse de le rappeler l’OMS, les tests quoique chers demeurent cruciaux. Et au mieux, utiliser ce « temps supplémentaire » pour mettre rapidement en place des tests, des systèmes de traitement et concevoir soigneusement des stratégies de sortie de confinement.

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Hommes d'Afrique Magazine

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