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April 27, 2024
HOMMAGE

L’Ambassadeur Nimaga est mort : Dans un cahier special, ‘’Hommes d’Afrique Magazine’’ marque son respect pour ce grand homme

  • août 17, 2020
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L’Ambassadeur Nimaga est mort :  Dans un  cahier special,  ‘’Hommes d’Afrique Magazine’’ marque son respect pour ce grand homme

De toutes parts viennent des hommages a un diplomate exceptionnel. Dans un  cahier special,
‘’Hommes d’Afrique Magazine’’ marque son respect pour ce grand homme d’Afrique !

Son Excellence l’Ambassadeur Nimaga Ismaila Al Noudjma est décédé le 20 juin 2020 à Bangui.

C’est une perte immense pour sa famille, pour la République Centrafricaine, pour l’Afrique. Et pour «Hommes d’Afrique Magazine» aussi, car l’Ambassadeur Nimaga était un Grand Homme d’Afrique, raison pour laquelle votre magazine lui dédie ce présent cahier spécial.

Rares sont les hommes dont le titre officiel « Excellence » reflète l’excellence à la fois de la personnalité et du professionnalisme. Son Excellence l’Ambassadeur Nimaga était de ceux-là. Doyen du corps diplomatique à Rabat, tous les diplomates qui ont exercé dans la capitale marocaine témoigneront des qualités de l’Ambassadeur Nimaga.

Qualités humaines d’abord, d’un homme qui savait, par un mot d’humour, un sourire vous mettre à l’aise dès la première seconde de votre premier contact avec lui.

Qualités diplomatiques d’un homme qui connaissait toutes les ficelles du délicat métier qui consiste à représenter son pays dans un pays tiers.

Qualités intellectuelles, d’un homme d’une culture générale immense, qui était capable de vous entretenir sur les sujets les plus divers.

Qualités spirituelles, d’un homme profondément religieux, mais ouvert, respectueux de tout humain, puisant dans sa religion musulmane, la considération qu’il accordait à tout être humain, enfant, jeune, adulte ; homme ou femme. Il avait la même bienveillance pour chacun d’eux.

Et en plus de cela, il avait au Maroc, une qualité que personne d’autre n’a, et qui sera difficile à retrouver : sa connaissance des arcanes de la diplomatie marocaine, et l’écoute spéciale que lui accordaient les autorités du Royaume chérifien. Cette unique qualité le plaçait à une position privilégiée. Il mettait ce privilège au service de ses collègues diplomates. Si l’adaptabilité, la précaution, le discernement, parfois la circonspection, font partie de la sagesse diplomatique, Son Excellence l’Ambassadeur Nimaga, était à Rabat, le grand Sage. C’est vers luique se tournaient les diplomates nouvellement arrivés ou déjà en poste, devant une question qui leur causait des soucis. Comme un premier de la classe, il trouvait toujours une bonne réponse.

Premier de la classe, cet homme d’une grande intelligence l’avait été. Au cours de sa formation, il fut souvent le major de sa promotion. Que ce soit aux États-Unis d’Amérique où il a étudié ou en Europe, ou en Afrique, il était toujours premier, sinon dans le peloton de tête. Ainsi, il est premier à l’Académie Internationale de police de Washington, lorsqu’il obtient son diplôme professionnel en armement et moniteur de tir, avec qualification de « Maitre » aux USA, devant des concurrents qui viennent de 96 pays. De même, en 1973, il est le major de sa promotion, quand il obtient son diplôme de l’École Nationale Supérieure de Police de Yaoundé au Cameroun.

C’est dans la sécurité que l’Ambassadeur Nimaga commence sa carrière, comme Chef du service central de police judiciaire à Bangui, en République Centrafricaine, entre 1967 et 1968. En 1970, il devient Commissaire Spécial aux Ports et chef de service de la police criminelle.

Entre 1972 et 1975, il est commissaire central de la ville de Bangui, ce qui est une lourde responsabilité dans la capitale centrafricaine. Il remplit avec efficacité cette fonction. Face à l’insécurité qui a grandi ces derniers temps, les Banguissois se rappellent avec nostalgie ces années où le Commissaire Nimaga a exercé dans leur ville. La sécurité régnait, le jour ou la nuit. Les bandits, voleurs, et autres hors-la-loi, avaient peur, se terraient : tous savaient que le commissaire Nimaga et ses hommes les traquaient, les frappaient sans pitié, ne leur laissant aucune chance.

Le 23 avril 1977, le Commissaire Nimaga, qui entretemps avait été nommé Directeur des Ports de l’Empire Centrafricain, devient Ambassadeur, Directeur Général du protocole d’État. C’est le début de sa brillante carrière de diplomate. Il s’occupe du protocole d’État pendant deux ans au bout desquels, en 1979, il est nommé Ambassadeur chargé de mission à la Présidence de la République.

Encore deux années plus tard, en 1981, il est nommé ambassadeur de la République Centrafricaine auprès de l’Émirat de Qatar, de l’Émirat du Koweït, du Royaume d’Arabie Saoudite, et de la République d’Irak avec résidence à Bagdad, en Irak. Il restera à ce poste jusqu’en 1986, où il revient au pays pour reprendre la direction générale du protocole pendant quatre ans.

En 1990, il devient ministre de l’Administration du territoire et de la sécurité nationale. En 1992, il est ministre chargé du secrétariat général du gouvernement, et en 1993, ministre de la Fonction publique, du travail et de la sécurité sociale.

Il retourne à la diplomatie en 1994, comme Ambassadeur résidant au ministère des Affaires étrangères de la République Centrafricaine.

Depuis vingt ans, il était l’ambassadeur de la République Centrafricaine avec résidence à Rabat, auprès du Maroc, de l’Algérie, de la Mauritanie, de la Tunisie, et du Maghreb Arabe. Il était en déplacement à Bangui quand la mort l’a surpris. On dirait que le sort a voulu que ce grand serviteur du peuple centrafricain revienne mourir parmi les siens, sur sa terre natale.

Intervenant au nom de la nation dès le 25 juin, soit cinq jours après l’annonce du décès, le Président de la République, Faustin Archange Touadera, a « décerné le témoignage de satisfaction à titre posthume à Son Excellence Monsieur Ismaela Nimaga, Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de la République Centrafricaine auprès du Royaume du Maroc, pour les éminents et loyaux services rendus à la République Centrafricaine ».

Le lendemain, le Président Touadera est allé sur le lieu du deuil où il a écrit dans livre ouvert à cet effet : « J’exprime ici, au nom du Peuple centrafricain mes condoléances émues et attristées à la famille de l’Illustre Disparu ». Le « I » et le « D » majuscules sont du Président Touadera.

Après avoir mentionné l’action de l’Ambassadeur Nimaga qui a permis la « réhabilitation du Centre National Hospitalier de Bangui », le chef de l’Etat centrafricain a encore écrit de sa propre main :

« Nous garderons en nos mémoires le souvenir de ce grand fils de Centrafrique qui, de longues décennies durant, a apporté sa contribution pour forger le destin de son pays et celui d’Afrique. Que son âme repose en paix ».

Sa Majesté, le Roi Mohammed VI du Maroc a exprimé son émotion : « J’ai appris avec émotion le décès de feu Ismaela Nimaga, Ambassadeur de la République centrafricaine auprès de Notre Majesté. ». Au Président Touadera de la RCA, le roi a adressé « [ses]condoléances les plus sincères » et à la famille du défunt, « [sa] profonde compassion. » Il a souligné la positive contribution de l’Ambassadeur Nimaga aux relations entre le Maroc et la RCA : « Incarnant sa fonction, son Excellence œuvra à promouvoir l’excellente coopération maroco-centrafricaine et contribua à entretenir l’esprit de fraternité et de solidarité qui la caractérise. »

À la suite du président Touadera, les plus hautes autorités centrafricaines ont rendu hommage à l’Ambassadeur Nimaga ce même 26 juin, dans le même livre.

Président de l’Assemblée Nationale de Centrafrique, Laurent Ngon-Baba a notamment écrit : « Sa disparition est réellement une grande perte pour la diplomatie centrafricaine et singulièrement pour la diplomatie interparlementaire Centrafrique-Maroc ».

Premier ministre et chef de gouvernement de la RCA, Firmin Ngrebada a écrit :« Nous rendons un hommage mérité à l’Ambassadeur Ismaila Nimaga, décédé le 20 juin 2020. Un grand commis de l’État s’en va ! Nos condoléances à sa famille. Qu’il repose en paix ».

La ministre des Affaires étrangères et des Centrafricains de l’étranger, Madame Sylvie Baïpo Temon, a aussi écrit : « C’est avec une immense tristesse que nous avons appris le décès de notre Ambassadeur Isamaëla Nimaga. Au nom du ministère des Affaires étrangères et en mon nom personnel, je tiens à exprimer à son épouse et à tous les membres de sa famille, les plus profondes condoléances et les sentiments de sympathie les plus sincères. »

Ancien Premier ministre de la RCA, actuellement député de Bocaranga 3, et président du parti politique MLPC, Martin Ziguelé a publié un vibrant hommage à l’Ambassadeur Nimaga. Il rappelle notamment : « Quand j’étais Premier ministre, il était Ambassadeur en Irak, mais quand la guerre a déclenché entre l’Irak et l’Iran, le Président Patassé qui a aussi travaillé dans la cour impériale ensemble avec lui comme Premier ministre, reconnaissant ses qualités professionnelles parce qu’il a fait ses études de police aux États-Unis, l’a nommé par décret au Maroc comme Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire avec juridiction sur l’Algérie, la Mauritanie, la Tunisie. Depuis qu’il a été nommé par le feu Président PATASSE comme Ambassadeur au Maroc, il y est resté jusqu’à sa mort. »

L’ancien Premier ministre ajoute : « La mort de Nimaga est comme une partie de la RCA qui s’en est allé ». Vous lirez le texte intégral de Martin Ziguelé, dans ce cahier spécial de «Hommes d’Afrique Magazine» en hommage à l’Ambassadeur Nimaga.

L’Ambassadeur Mostafa Halfaoui du Maroc à Bangui, est allé aussi écrire son hommage à son collègue qui représentait son pays à Rabat : « Mes sincères condoléances et mes sentiments de grande sympathie. Que Dieu le Tout-Puissant ait l’âme du défunt en sa sainte miséricorde. À la famille toute ma sympathie ».

Après celui du roi Mohammed VI, l’hommage de l’Ambassadeur Halfoui est bien mérité : panafricaniste militant, l’Ambassadeur Nimaga a, dans son rôle, encouragé et contribué au retour en janvier 2017, du Maroc à l’Union Africaine. Et il fut le premier à célébrer ce retour à Rabat, de façon la plus solennelle, lors de la Journée de l’Afrique qu’organisa le ministère des Affaires étrangères du Maroc, le 25 mai 2020, jour de l’Afrique.

L’Ambassadeur Nimaga était, pourrait-on dire, panafricain depuis le berceau. Né le 19 décembre 1944 à Bangassou, en République Centrafricaine, ses deux parents venaient, le père, du Mali, et la mère, du Tchad. Mamadou Nimaga avait rencontré son épouse Khadija Chérif, dans la colonie française qui s’appelait alors Oubangui-Chari. L’AOF, Afrique Occidentale Française, se mariait à l’AEF, l’Afrique Équatoriale Française. Mariage qui a donné le grand militant du panafricaniste que fut l’Ambassadeur Nimaga. Dans ses discours et chacun de ses actes, il disait sa conviction que l’unité de l’Afrique permettra à ce continent de résoudre tous les problèmes auxquels elle est aujourd’hui confrontée.

Les diplomates africains à Rabat étaient fiers d’avoir l’Ambassadeur Nimaga comme Doyen du Corps diplomatique. C’est toujours avec élégance et efficacité qu’il intervenait. Son art oratoire, sa parfaite des langues française, anglaise et arabe, ainsi que son sens de l’humour, faisaient de chacun de ses discours un moment de plaisir. Il a laissé une trace qui restera dans l’histoire de la diplomatie au Maroc.

Sa position de Doyen facilitait beaucoup de choses, particulièrement aux nouveaux ambassadeurs en général, et en particulier aux nouveaux ambassadeurs africains. Ses conseils étaient toujours appréciés.

Ambassadeur de la RCA à Rabat, Ismaela Nimaga avait sa porte ouverte à tous les Centrafricains au Maroc. Ils savaient que l’ambassade ou même la Résidence de l’Ambassadeur, étaient comme une partie du territoire centrafricain qui les accueillaient chaque fois bras ouverts.

L’Ambassadeur s’évertuait à résoudre tous les problèmes que ses compatriotes lui posaient. Il ne connaissait pas le tribalisme, ne faisait aucune distinction religieuse. On est Centrafricain, un point c’est tout.

Les étudiants centrafricains au Maroc peuvent témoigner de ce dévouement sans discrimination de l’Ambassadeur Nimaga. En cela, il laisse un modèle de patriotisme qui doit inspirer la jeunesse et la nouvelle génération de leaders.

Personne ne fut plus attristé que l’Ambassadeur Nimaga, quand les violences se réclamant de groupes religieux ou tribaux, ont éclaté dans « Ma Centrafrique ! ». Il ne reconnaissait plus son pays. Pour ce fils d’un Malien et d’une Tchadienne, qui est né sur le sol centrafricain, qui a grandi en respirant l’air tolérant centrafricain, ces violences furent une inadmissible incongruité. Il s’est élevé contre elle dès le premier jour

Il compte parmi ceux qui ont le plus œuvré pour le retour de la tolérance. Les nombreux témoignages de Centrafricains qui s’expriment depuis sa mort, montrent que là encore, cet homme de paix et de justice, a rendu un grand service à ses compatriotes. La paix, la justice sont deux biens immatériels, qui n’ont pas de prix. Deux biens dont la Centrafrique, aujourd’hui, a grand besoin.

Les compatriotes de l’Ambassadeur Nimaga se rappelleront aussi que celui-ci les a beaucoup aidés matériellement, notamment : en obtenant un grand nombre de bourses marocaines pour les étudiants centrafricains ; en facilitant les flux d’investissements marocains en Centrafrique, notamment dans la téléphonie, les hôpitaux et la banque.

Que peut-on demander de plus à quelqu’un qui, toute sa vie, a travaillé pour le bien matériel et immatériel de sa nation, et pour rapprocher les hommes ? Le Président Touadéra a bien résumé le sentiment national : l’Ambassadeur Ismaela Nimaga entre par la grande porte dans l’histoire diplomatique de son pays, pour « les éminents et loyaux services rendus à la République Centrafricaine »

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