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April 25, 2024
C’ETAIT EN… CIVILISATION

4 DATES DU 4E MOIS

  • avril 14, 2019
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4 DATES DU 4E MOIS

Le 6 avril 1652, les premiers Européens arrivèrent sur le Cap de Bonne-Espérance en Afrique du Sud. Ils étaient conduits par Jan van Riebeeck de la Compagnie Hollandaise de l’Inde Orientale (Dutch East India Company). Les Européens n’avaient pas l’intention de s’installer sur ces terres lointaines. Ils avaient juste besoin d’un poste d’escale pour leur commence entre l’Inde et la Hollande.

Mais progressivement, ils accaparent les terres, les exploitent, les cultivent. La colonie hollandaise grandit en prospérité et en puissance. Elle s’attaque aux Africains qui vivent là depuis des temps immémoriaux, notamment les Khoikhoi et les San. Par la suite, cette colonie envahissante créera le mythe qu’elle s’est installée sur une terre vierge, inhabitée, n’appartenant à personne.

La supériorité militaire des Européens décida de l’avenir que l’on sait, et qui a produit le résultat qu’est la République d’Afrique du Sud d’aujourd’hui, en passant par des décennies de politique d’apartheid, qui réduisit l’Africain à la situation de quasi-esclave sur ses propres terres.

La force militaire des Blancs aurait-elle seule suffit pour leur assurer la domination qu’ils obtinrent rapidement sur les Noirs, dans ces années 1650s et qu’ils conservèrent, intacte, durant les quatre siècles suivants ? L’on peut en douter.

Selon les historiens, une partie du tort vient des Noirs, en particulier de leur manque d’organisation, leur incapacité à opposer un front uni à l’agresseur externe : d’un tribalisme qui fait qu’un groupe se croit à l’abri pendant que d’autres souffrent de cet agresseur, et fournit même parfois de collaborateurs à l’agresseur.

De plus, l’hétérogénéité démographique des Africains facilite la tâche des agresseurs blancs : il leur est loisible d’inciter la haine entre les divers groupes ethniques africains. Certains de ceux-ci se battent à mort, entre eux, pendant que la société blanche étend son empire, en terre africaine. Elle se contente d’armer de temps en temps, selon sa convenance et son plan d’expansion, l’un ou l’autre des groupes belligérants. Diviser pour régner n’a jamais mieux marché que contre les Noirs. Ainsi, par leur stupidité, les Africains sont esclaves puis néoesclaves chez eux, en même temps qu’ils renforcent la poigne de leurs oppresseurs. Ceci est valable encore aujourd’hui, 367 ans après l’arrivée de Jan van Riebeeck. Et ce n’est pas valable seulement en Afrique du Sud, mais un peu partout en Afrique.

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Le 9 avril 1933, naît à Slick, dans l’État d’Oklahoma aux USA, Nathan Hare. Hommes d’Afrique magazine souhaite un joyeux anniversaire à ce grand Africain Global. Un peuple a besoin de penseurs qui lui montrent la direction, qui inspirent la jeunesse. Pour le peuple noir, Nathan Hare est l’un de ceux-là.

Dans le monde universitaire américain, le docteur Nathan Hare est considéré comme «le père des études sur les Noirs» (Black Studies). Le 1er février 1968, l’Université de l’État de San Francisco l’embauche comme coordonnateur d’un programme d’études sur les Noirs aux USA. C’est le premier poste de genre dans le pays. Il lui est demandé de rédiger le tout premier programme de département d’études sur les Noirs dans une université américaine. Il s’y attèle. Entre temps, une grève se déclenche à l’université : entre autres, des étudiants noirs réclament un département autonome d’Études sur les Noirs (black studies ») et une école à l’intérieur de l’université, dédiée aux études ethniques (ethnic studies).

Le président de l’université, S. I. Hayakawa, refuse de négocier. Il adopte la ligne ferme, dure. Il demande à Hare de le suivre sur cette ligne. Hare dit non. Hayakawa licencie Hare, à peine deux semaines que ce dernier ait été embauché. Hare accepte le licenciement, sacrifie sa carrière universitaire, refusant de trahir ses petits frères noirs étudiants. C’est un modèle de moralité.

Le Dr Hare est l’auteur d’un livre désormais classique : «The Black Anglo-Saxons» (Les Anglo-Saxons noirs). C’est une critique des Noirs qui veulent être plus blancs que les blancs. Publié en 1965, en période d’émeutes raciales et du mouvement des droits civiques aux USA, ce livre est une analyse sociologique réussie. Elle n’est pas valable seulement pour l’époque qu’elle décrit, mais aussi pour aujourd’hui, aux USA, mais aussi en Afrique et partout où des Noirs vivent.

L’apartheid global exerce sur un pourcentage significatif de Noirs dans le monde, une pression qui les induits à vouloir être plus blanc que les Blancs eux-mêmes, à se renier et à renier leur groupe. Ils sont même prêts à sacrifier les intérêts des Noirs pour servir ceux des Blancs auxquels ils rêvent s’identifier, mais qui les rejetteront toujours avec mépris. « The Black Anglo-Saxons » n’a, à notre connaissance jamais été traduit en français ? Pourquoi ? En tout cas, pour ce 86e anniversaire du Dr. Hare, Hommes d’Afrique magazine lui rend hommage en publiant dans ce numéro, la conclusion de son livre que nous avons traduite en français. Nous vous invitons vivement à lire ce texte juste, dont un équivalent dans la littérature de langue française serait « Peau noire, masques blancs » de Frantz Fanon, publié en 1952.

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Le 2 avril 1967 fut institué la Journée Internationale du Livre pour Enfants. Depuis lors, chaque 2 avril, cette journée est célébrée partout dans le monde. Qu’en est-il en Afrique ? D’abord, il faut répondre à ces trois questions : combien de livres pour enfants sont publiés chaque année en Afrique ? Combien de livres toutes catégories confondues sont publiés en Afrique par an ? Comment dans ces deux précédents cas, l’Afrique se compare au reste du monde.

Les réponses à ces trois questions montrent la gravité de la situation africaine. Des statistiques existent. Dans tous les cas, l’Afrique est loin, très loin derrière à la toute dernière place de la queue.

Ainsi, à partir des statistiques de l’UNESCO, le site http://www.worldometers.info/books/ fournit les chiffres moyens suivants de publication annuelle de nouveaux titres dans le monde. Il établit aussi un classement de 123 pays.

Les cinq premiers sont, le nombre de nouveaux titres étant entre parenthèses : la Chine (328 387), les USA (328 259), le Royaume-Uni (206 000), la Fédération Russe (123 336) et l’Allemagne (93 124). Le premier pays africain est l’Égypte, classé 37e avec 9002 livres.

Pourquoi les Africains publient-ils si peu de livres ? Pourquoi publient-ils aussi si peu de livres pour enfants, alors que c’est le continent qui compte le plus grand nombre d’enfants ? Quelle nourriture civilisationnelle et intellectuelle les Africains offrent-ils à leurs enfants ?

Les statistiques montrent une autre réalité dont il faudrait trouver l’explication : les pays africains du franc CFA sont au monde ceux qui produisent le moins de livres. Est-ce une conséquence indirecte de cette monnaie nazie ou à un étouffement culturel de la France sur ces pays ?

La Journée Internationale du Livre pour Enfants doit obliger les ministres africains de la Culture et ceux de l’enseignement à réfléchir sérieusement sur leur obligation vis-à-vis de leur jeunesse. Les parents africains doivent eux aussi s’interroger.

En lisant, les enfants se construisent mentalement. Le conte est une subtile fondation de cette construction. Pas surprenant qu’on ait choisi le 2 avril, date de naissance du conteur danois Hans Christian Andersen, pour en faire la Journée Internationale du Livre pour Enfants. Andersen est né le 2 avril 1805. Grâce à ces contes, à ces livres, des générations d’enfants ont construit leur univers mental, escalier pour devenir adulte.

Où sont les Andersen africains. Vite, qu’ils se mettent à écrire des livres, et que le public africain les achète, pour les faire lire par les jeunes Africains.

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Le 11 avril 1979, il y a 40 ans, l’armée tanzanienne s’empara de Kampala, capital de l’Uganda. Son Excellence le Président à vie, le Field Marshal, El Hadj Docteur Idi Amin Dada, est renversé. Avec l’aide des gouvernements américains et anglaise, il s’était emparé du pouvoir pour devenir Président d’Uganda le 25 janvier 1971, en renversant Milton Obote. Ce 11 avril 1979, il s’enfuit et se réfugia en Libye où Kadhafi accueille bras ouverts, ce frère musulman, tout en menaçant de toutes les foudres, le président tanzanien chrétien Julius Nyerere.

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