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April 25, 2024
FOCUS

«Mes amis, frères et sœurs, faisons les affaires avec nos monnaies nationales»

  • novembre 15, 2018
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«Mes amis, frères et sœurs, faisons les affaires avec nos monnaies nationales»

Deuxième forum économique et du business Turquie Afrique

« Je dis à tous mes amis, frères et sœurs africains, faisons des afaires avec les monnaies locales, les monnaies nationales, » a déclaré le Président Recep Tayyip Erdogan de Turquie. C’était le 10 octobre 2018, dans son allocution d’ouverture du deuxième Forum Economic et du Business Turquie-Afrique (FEBTA). La chaleur de la voix exprimait la sincère fraternité du dirigeant turc, qui s’est toujours senti à l’aise avec ses interlocuteurs africains.

Nul ne peut douter de l’amitié du Président turc pour l’Afrique. Cette amitié était déjà palpable quand il était premier ministre. S’agissant des relations entre l’Afrique et la Turquie, l’on peut dire sans se tromper que personne, ni en Afrique, ni en Turquie, ni au cours de l’histoire n’a fait plus que le Président Erdogan. L’histoire de ces relations a deux faces contrastées : avant et après l’arrivée de Recep Tayyip Erdogan à la tête de l’exécutif turc. Avant, les relations turco-africaines étaient stagnantes, limitées pour l’essentiel à quelques pays à majorité musulmanemane. Depuis qu’il est devenu Premier Ministre, celles-ci ont explosé dans tous les domaines : diplomatique, commercial, politique. En 2005, le Premier Ministre Erdogan a donné un coup d’accélérateur à ces relations, déclarant 2005 « l’Année Africaine ». Des actions concrètes ont suivi, qui se poursuivent à ce jour. Toujours en 2005, la Turquie a obtenu le statut d’observateur à l’Union Africaine (UA). Avant qu’il n’arrive au pouvoir, la Turquie n’avait que 12 ambassades en Afrique. Aujourd’hui, elle en a 41. C’est une progression de 242%. Il n’y avait que 10 ambassades africaines en Turquie à l’arrivée au pouvoir du Premier Ministre Erdogan. Aujourd’hui, il y en a 33, soit une croissance de 230%. L’on peut aussi mettre au crédit de la politique pro-Afrique du Président Erdogan, le fait que le 10e Sommet de l’UA en janvier 2008 déclare la Turquie « partenaire stratégique » de l’UA. En cette même année 2008, Erdogan accueille à Istanbul, du 18 au 21 août, le premier « Sommet de la Coopération Turco-Africaine» (SCTA). Ce fut une révolution dans l’histoire de la Turquie et de l’Afrique. Jamais un tel événement n’avait eu lieu. Sur les chefs d’Etat et de Gouvernement qu’il ya en Afrique, 49 assitèrent à ce SCTA. Pour un d’essai, ce fut un grand succès. Le succès s’amplifia six ans plus tard, lors du deuxième SCTA, qui se tint à Malabo en Guinée Equatoriale, du 19 au 21 novembre 2014. Hommes d’Afrique magazine en avait fait la couverture de son numéro de décembre 2014. Sous le Président Erdogan, la Turquie conflits en Afrique.

Elle a co-présidé avec l’Egypte le 21 mars 2010 au Caire, la « Conférence internationale des donateurs pour la reconstruction du Darfour ». Du 21 au 23 mai, elle a organisé à Istanbul, la Conférence sur la Somalie. Erdogan a payé de sa personne l’effort de son pays pour accroître ses relations avec l’Afrique. En août 2011, il surprend le monde en étant le premier chef de gouvernement à se rendre en Somalie, déchirées par des années de guerre et meurtrie par les bombes des terroristes. Cette visite brise l’isolement de la Somalie, ce qui vaut à la Turquie, la grande reconnaissance des Somaliens. Erdogan a aussi visité entre autres pays africains : le Soudan (2005), l’Ethiopie (2011), l’Afrique du Sud (2011), le Gabon (2013), le Niger (2013), le Sénégal (2013), la Guinée Equatoriale (2014). Dans le domaine économique, depuis qu’Erdogan est premier ministre jusqu’à ce jour où il cumule cette fonction avec celle de président de la République, le boom des échanges entre la Turquie et l’Afrique est spectaculaire. La compagnie Turkish Airlines (TA) symbolise ce boom. Quand, en 2011, TA a attérit à Mogadishio, ouvrant pour la première fois depuis presque 20 ans un ligne aérienne déservant la Somalie, les spécialistes se sont étonnés, prédisant l’échec. Or, non seulement la ligne fonctionne très bien aujourd’hui, mais TA citent la capitale somalienne comme comme l’une de leurs plus profitables destinations dans le monde. En 2011, la compagnie TA désservait 14 villes africaines. Elle en déssert 53 aujourd’hui, la classant avec Ethiopian Airlines, en tête des transporteurs aériens en Afrique.

Pour les voyageurs Africains, la venue de TA dans leur continent fut ressentie comme un desserement de l’étaut dans lequel les maintenait les compagnies eurpéennes comme Air France ou British Airways. Celles-ci usaient et abusaient de leur position dominante. Elles pratiquaient des prix exorbitants. La concurrence de TA les a forcés à revoir à la baisse leurs prix. Malgré cela, elles ont perdu des parts de marché que les Turcs leur ont arrachées. Détenue pour moité par l’Etat turque, TA est une preuve du mensonge du FMI et de la Banque Mondiale selon lequel, seules les entreprises privées réussissent. C’est ce mensonge qu’ont avalé les dirigeants africains, lesquels ont privatisé à la pelle les compagnies aériennes nationales. Résultat, au lieu de s’épanouir dans la poche des intérêts privés, souvent étrangers, ces compagnies ont péréclité, puis disparu. Signe de la confiance de TA dans le marché de plus d’un milliard d’habitants qu’est l’Afrique, c’est dans ce continent que TA a ouvert en juillet 2016, son second lounge international, après celui qu’elle avait ouvert à Moscou. Un formidable avantage que la clientèle africaine apporte à TA, c’est le transit à Istanbul. A tout moment à l’aéroport d’Istanbul, vous verrez des foules d’Africains.

Cela a au moins deux avantages. Ces africains animent considérablement le commerce du duty free, et d’autre part, ils accroissent la rentability de la ligne de TA qui déssert leur destination finale. Placé sous le sous le double patronage du Président Erdogan et de Moussa Faki, Président de la Commission de l’UA, le deuxième FEBTA s’est déroulé du 10 au 11 octobre. Ses coorganisateurs furent l’UA, et le ministère turque du commerce qu’assistait le Bureau des Relations Economiques Etrangères de Turquie (DEIK). Ces trois institutions étaient respectivement représentées par le Professeur Victor Harison, Commissaire de l’UA pour les Affaires Economiques ; Mme Ruhsar Pekcan, la ministre turque du commerce ; et M. Nail Olpak, prési dent du DEIK. Parmi les personnalités qui ont participé aux travaux, il y avait le Dr Mulatu Teshome, Président de l’Ethiopie ;

M. Edouard Ngirente, Premier Ministre du Rwanda, qui représentait M. Paul Kagame, lequel est Président du Rwanda et Président en exercice de l’UA. M ;et M. Melak Ezezew, vice-président de la Chambre Pan-Africaine de Commerce. En plus des quarante-trois pays africains représentés notamment au niveau ministériel, deux communautés économiques régionales étaient présentes : la CEDEAO et la CEEAC. Durant le forum, s’est tenu une rencontre ministérielle AfriqueTurquie sur le thème : « Commerce équitable, libre et durable. » Trois accords de coopération furent signés: un accord de commerce et de coopération économique entre la République de Turquie et la République du Zimbabwe ; un protoco atteindre 20,6 milliards de dollars. Ce chiffre a augmenté grâce à des investissements continus et à des investissements publics. L’Afrique, qui est le seul organisme regroupant 54 pays, sera un acteur mondial avec sa structure démographique et ses énergies renouvelables. » Les hommes d’affaires turcs étaient nombreux. Ils ont rencontré leurs collègues africains, et de nombreuses projets ont été lancés. Les quatre panels de discussion portaient sur « Financer le commerce et les investissements en Afrique » ; Collaboration entre la Turquie et l’Afrique dans la construction, les infrastructures et l’énergie », « Les efforts d’intégration de l’Afrique et les opportunités de marché pour les hommes et femmes d’affaires » ; et « Commerce équitable, libre et durable. » Publié à la fin du forum, le communiqué conjoint, en 23 points, mentionne entre autres, la volonté turque de partager avec l’Afrique les recettes de ses succès économiques. Il souligne aussi la volonté des deux parties de faciliter le commerce turco-africain, notamment en réduisant les douanes. Il informe que le troisième FEBTA se tiendra en 2020. Mais, et c’est regrettabe, il ne dit mot sur ce qui nous apparaît comme le passage le plus important du discours d’ouverture du Président Erdogan. C’est avec ce passage qu’a commencé cet article. Afin de souligner la valeur du dit passage, nous concluons cet article avec le même passage : « Je dis à tous mes amis, frères et sœurs africains, faisons des affaires avec les monnaies locales, les monnaies nationales.

Sauvons nos pays de la pression des devises étrangères et des taux de change. Nous devons faire ce pas. C’est devenu une priorité de notre programme en raison des attaques spéculatives que nous avons subies au cours des dernières semaines. Nous avons parcouru une certaine distance dans les négociations que nous menons depuis un moment avec d’autres pays tels que la Russie, la Chine, l’Iran, etc. Nous sommes prêts à développer le commerce en monnaies locales non seulement avec nos principaux partenaires commerciaux, mais avec tous les pays, y compris nos amis africains. » Sans exagération, au-delà de la fraternité, cette déclaration est l’appel économique le plus sensé que le dirigeant d’un important pays dans l’histoire du monde et la vie internatioanle contemporaine ait jamais lancé à l’Afrique. Les dirigeants africains présents dans la salle ont-ils entendu et le poids de cet appel. Pour les pays africains en général, cet appel montre le chemin qui les libère du joug du dollar américain. En plus, concernant particulièrement les pays africains CFA, l’appel du Président Erdogan est une porte de sortie des griffes du nazisme monétaire que la France exerce sur eux, sans interruption, depuis le 25 décembre 1945, date de création du franc des Colonies Françaises d’Afrique (CFA). Rappelons le théorème : sans système monétaire international équitable, pas de relations internationales équitables.

 

Il y a quarante-cinq ans, Jacques Rueff, l’un des plus brillants économistes français du 20e siècle, a énoncé ce théorème d’une autre façon que nous aimons rappeler : «Il ne peut être de relations internatioales harmonieuses que sur la base d’un système monétaire propre à engendrer l’expansion, l’équilibre des échanges et une dose suffisante de stabilité des prix», écrit-il dans un article titré « Les Fondements de la solution Inéluctable », que pubie le quotidien français Le Monde du 17 mai 1973. Comme Rueff hier, Erdogan aujourd’hui s’oppose à un système monétaire inique, basé sur la dictature du dollar des USA que les dirigeants étatsuniens manipulent à leur guise, pour leurs intérêts et celui de leurs alliés. La première victime de cette iniquité est l’Afrique. Economiste turc enseignant à Harvard aux USA, Dani Rodrik formule le même théorème dans ses ouvrages et articles. C’est le cas pour son livre publié en 2017 et intitulé « Straight Talk on Trade : Ideas for a Sane World Economy. » (Conversation Directe sur le Commerce : Idées pour une Economie Mondiale Saine). Il a raison, le Professeur Rodrik, le commerce mondial est malsain , pourri. Tout entier, il est pipé en la défaveur des Africains, mais ceux-ci, au lieu de s’organiser pour en finir avec l’insanité, préfèrent se faire écraser. L’on peut aussi citer l’article suivant du Professeur Rodrik publié en août 2007 : « The Real Exchange Rate and Economic Growth : Theory and Evidence ».

Plus intéressant encore, il y a son article publié l’année précédente, dans le volume 20 et numéro 3 de l’International Economic Journal, et intitulé : « The social cost of foreign exchange reserves » (Le coût social des réserves de change). Quel banquier central africain a jamais calculé le coût social que les réserves de change infligent à ses concitoyens ? Lequel d’eux s’est jamais posé cette question ? Singeant leurs homologues des pays à la démographie déclinante et vieillissante, les banquiers centraux africains, sans nous expliquer pourquoi, ont fait de « la stabilité monétaire » et de « la lutte contre l’inflation » l’alpha et l’oméga de leur politique. Peu leur importe l’océanique chômage d’une démographie jeune et exponentiellement croissante, les banquiers centraux africains se vantent : « nous maintenons la stabilité des prix ! » Messieurs, pourriez-vous s’il vous plaît, quel en est le coût social ? Hein ? Répondez au Professeur Rodrik. Dans son livre «A tool of power : the political history of money », publié en 1977, William Wisely aborde le theorème monétaire dont il s’agit ici et que le Président Erdogan rappelle aux Africains, par son appel qui les invite à commercer entre eux et avec la Turquie dans leurs monnaies nationales et locales. C’est un appel de raison.

C’est la solution d’un mal qui ronge et appauvrit un continent, supposé le plus riche du monde. Combien de temps durera encore ce paradoxe ? Curieusement, les dirigeants africains, au lieu de répondre promptement à l’appel d’Erdogan, ne disent mot.

Ils continuent de se taire sur le plus grand mal qui ronge leurs économies, annihile tous les efforts des sociétés africaines pour améliorer leur sort : un inique ordre monétaie mondial que dénonce à juste titre le Président turc, et qui étrangle leurs économies, condamnant leurs populations à un appauvrissement chronique, malgré les énormes richesses de leur continent et de leur démographie.

Certes, Erdogan n’est ni un enfant de cœur, ni le Père Noel. Ce musulman pratiquant ne fait aucun cadeau aux Africains. S’il les appelle à le joindre dans la guerre de libération monétaire, c’est parce que le dictateur dollar a forcé son pays, la Turquie, à mettre actuellement un genou par terre. Toute l’économie turque pourrait s’écrouler. La Turquie est en danger de mort. « Au Secours frères et sœurs Africains ! » crie le Président Erdogan, « venez, avant qu’il ne soit trop tard, avant que mon autre genou ne flanche ». Il a raison. Le 10 août 2018, conformément à sa menace, le Président étatsunien Donald Trump, a brutalement augmenté les frais de douane sur l’acier et l’aluminium turcs importés aux USA. Ces frais sont passés à 50% pour l’acier, et 20% pour l’aluminium. C’était un vendredi. L’effet fut immédiat sur la lire turque. Elle commença la dégringolade. La chute fut si rapide que lundi 12 août, la monnaie turque était à son niveau historique le plus bas par rapport au dollar US puisqu’il fallait 7.22 lires pour un dollar US.

[quote]«C’est un malheur extrême que d’être assujetti à un maître dont on ne peut jamais être assuré de la bonté, et qui a toujours le pouvoir d’être méchant quand il le voudra. Quant à obéir à plusieurs maîtres, c’est être autant de fois extrêmement malheureux.» La Boétie[/quote]

Ainsi, le propriétaire du dollar, qui en est aussi le fabricant et le manipulateur, peut à tout moment, tourner l’arme qu’est la monnaie US, contre qui que ce soit. Elle peut torpiller qui elle veut, avec son dollar. A sa convenance, il se sert de cette arme à des fins purement politiques. Tout ceci est non seulement amoral, mais opposé au type de relations qui doivent exister entre nations civilisées. Il importe que les Africains, en particulier leurs dirigeants, écoutent, et répondent à l’appel du Président Erdogan. Ils doivent rejoindre non seulement la Turquie, mais aussi, comme le cite Erdogan, la Chine, la Russie, et l’Iran, lesquels sont en train d’esquisser un système monétaire international débarassé du dictateur US dollar. Lancé lors du deuxième FEBTA, cet appel à la libération monétaire est le plus important message que l’histoire retiendra du deuxième FEBTA. Les Africains feraient bien de l’entendre, puis agir pour leur libération monétaire. Sans aucun doute, la plus grosse stupidité économique des Africains est qu’ils se complaisent dans leur fragmentation monétaire. Avec une quarantaine de monnaies pour une cinquantaine de pays, des monnaies au surplus qui pèsent zéro dans le commerce international, l’Afrique se condamne à l’impotence, et donc à l’assujettissement. Dans l’histoire des nations, c’est un cas unique « d’autorépression », pour reprendre le mot du Professeur Tchundjang Pouémi, que les psychologues devraient nous expliquer un jour. Pour nous, cela demeure une énigme. Mort prématurément à 32 ans, le 18 août 1563, Etienne de la Boétie a laissé un court texte qui pourrait expliquer l’incompréhensible esclavage monétaire des Africains. Le présent article n’est pas le lieu de relire le «Discours sur la servitude volontaire », texte du 16e siècle, pour illuminer les zones d’ombre et les nondits du suicide monétaire des Africains du 21e siècle.

Contentons nous de citer un passage qui s’applique exactement à ces derniers : «C’est un malheur extrême que d’être assujetti à un maître dont on ne peut jamais être assuré de la bonté, et qui a toujours le pouvoir d’être méchant quand il le voudra. Quant à obéir à plusieurs maîtres, c’est être autant de fois extrêmement malheureux. » En se soumettant non seulement au dollar US, le « grand dictateur », mais aussi à d’autres dictateurs que sont entre autres l’euro et la livre sterling, et dans une certaine mesure le rand sud-africain, héritage privé de l’apartheid, les Africains se mettent dans la pire des situations, la soumission à plusieurs maîtres, qui les rendent « extrêmement malheureux. » Il y a plus grave : même entre eux, les Africains ne commercent pas en leurs monnaies nationales. Ils s’obligent à transiter par celle de leurs oppresseurs, ce qui à chaque transaction, enrichit ces derniers, et augmentent les profits d’un conglomérat de bancaire privé, au nom énigmatique : CLS, et au slogan presque banal : «Trusted Market Solution. » Il faut chercher pour découvrir que CLS signifie (Currency Linked Service), c’està-dire « Service Lié à la Monnaie ». Ce n’est pas plus clair ; on n’est pas plus avancé. L’on ne sait de quoi il s’agit. Pourtant, CLS, entreprise privée basée à Londres, est le plus puissant intermédiaire du marché des changes dans le monde, puisque son rapport annuel de 2017 montre que transite dans ses mains chaque jour, une moyenne de 5,2 trillions de dollars US. Comme cela arrive parfois, héritage de l’apartheid, l’Afrique du Sud se désolidarise de l’Afrique et préfère se maintenir dans le camp des oppresseurs des Africains.

Ainsi la Banque centrale d’Afrique du Sud est la seule institution africaine membre du CLS. Entreprise privée, appartenant à des actionnaires privés dont certains ne sont pas africains, la banque centrale d’Afrique du Sud peut-elle expliquer aux Sud-Africains, principalement aux Noirs, le bénéfice pour ceux-ci, de son appartenance au CLS ? Cette banque fait régner en mini-dictateur, sur toute la région australe du continent, la monnaie sudafricaine, le rand, qui, soit dit en passant, a gardé son nom de l’apartheid. En douce et en cachette, elle touche, grâce aux arrangements du CLS, de juteuses commissions sur chaque transaction de change dans cette région qui compte près de 260 millions d’habitants. Parfois ne partage-t-elle pas ces commissions avec cette population ? La Banque centrale sud-africaine, de son nom officiel « Reserve Bank of South Africa » est membre de l’Association des Banques Centrales Africaines (ABCA).

Peut-elle aussi expliquer à ses partenaires de l’ABCA, ce que l’appartenance de la banque centrale sud-africaine au CLS’apporte de positif à l’Afrique ou à l’ABCA ? Lors du premier FEBTA, le Président turc avait déjà lancé un appel à la libération aux Africains. Cette fois-là, il s’agissait d’une libération mentale de l’emprise des modèles économique et de politique que les pays dits développés imposent au monde. Il s’en était alors pris à l’Occident qui « se sert de la mondialisation pour prolonger son agenda colonialiste. » « Comment l’Occident veut-il dicter au monde entier un modèle économique et politique ? » s’est indigné Erdogan. « Pour qui se prend-elle pour nous imposer à tous, un seul schéma de croissance ? » a-t-il ajouté en substance. Précis, il a attaqué deux institutions « à la solde de cet Occident » : la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International, dirigée par une ancienne ministre française des finances, Christine Lagarde, agente du nazisme monétaire qu’exerce son pays contre les Africains. «Pour développer votre économie, vous devez trouver le FMI, la Banque Mondiale ou faire face à une hausse des taux d’intérêt, et en plus, vous devez respecter leur définition de la démocratie. » Est-ce acceptable ? demanda-t-il.

[quote]« Comment l’Occident veut-il dicter au monde entier un modèle économique et politique ? » Erdogan[/quote]

Il répondit « Non ! ». Il repousse avec d’autant plus d’énergie ce qu’il considère comme le « diktat de l’Occident », que ce même Occident exige de vous que, «pour faire partie du système global, vous obéissez sans condition à ses ordres.» Le Président Erdogan a eu des mots durs contre « la nouvelle forme de colonialisme » et « l’esclavage moderne » que l’Occident inflige aux autres, particulièrement aux faibles nations africaines. Dans l’audience se trouvaient les plus hautes personnalités africaines, dont Idriss Déby Itno, président du Tchad, en même temps président en exercice de l’Union Africaine, et à ce titre représentant toute l’Afrique. En parlant à Déby, c’est à l’Afrique entière qu’Erdogan s’adressait. Il a proposé à ce continent un mode de coopération opposé à la domination inhérente au paradigme occidental. « La stratégie turque vise l’expansion d’un commerce bilatéral mutuellement profitable entre la Turquie et l’Afrique.

Turquie et Afrique, nous partageons le même destin. Nous considérons comme nôtre, la priorité de l’Afrique.» Le président turc ponctua son propos lors de ce premier FEBTA de novembre 2016 à Istanbul par un dicton africain : « Il y a un beau proverbe africain selon lequel la pluie d’un jour ne peut rentrer profondément dans le sol. Nous aimerions rester vos amis pour toujours.” C’est de nouveau en grand ami de l’Afrique que le Président Recep Tayyip Erdogan, lors du deuxième FEBTA, le mois dernier, toujours à Istanbul, a lancé à ce continent le 10 octobre 2018, l’appel à la libération monétaire. Africains, apprenez à écouter vos vrais amis.

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